Les pionniers du tourisme


Alphonse Clochard mena la première excursion entre la Garette et Arçais en 1907 avant d''installer son Centre d'excursion à Coulon en 1913..

 

Deux embarcadères sont créés à la Garette dans les années 1920 :

 celui de « l'Amiral Cardinaud » à l'emplacement actuel de l'embarcadère Les Frênes tenu par Viviane et Dominique Mady et leur fille Chloé.

 celui de Gaston Largeaud au Grand Port.

 

En 1939, Le Petit Courrier écrit : 

Au mol balancement de leur barque

Deux « amiraux » se disputent amicalement la balade des touristes sur les conches de la Venise Verte.

Clochard et Cardinaud sont des vieux loups d'eau douce, entièrement dévoués à leur tâche de bons propagandistes. 

En 1952, un autre journal publie un article intitulé :

La Venise verte et ses mille canaux a son amiral, Célestin Cardinaud (de la Garette), et ses gondoliers, les Fichet (de Coulon). 

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 1 - Voir aussi page : 

Les figures locales

L'amiral Clochard

L'amiral Cardinaud

 

 

 

 

 

 

 



Gaston Largeaud achète en 1921 l'ancienne laiterie et le terrain contigu. Les promenades en barques commencent en 1923.

L'embarcadère changera d'emplacement pour s'installer au début de la rue des Gravées.

La Venise verte

Jean-Louis Gibaud dans Notes historiques de l'association généalogique et historique de Benet


Si vers 1900 Gaston Deschamps, journaliste, écrivain, poète parle dune Venise champêtre, ce fut Henri Clouzot, qui le premier, emploie le nom de Venise Verte dans Le Monde moderne du 15 janvier 1902 - Le marais de la Sèvre :

Aussitôt qu'on a quitté le cours de la Sèvre pour des canaux latéraux, on entre dans un pays étrange ne ressemblant à rien de déjà vu.

Le long bateau plat glisse sans bruit sur l'eau qui dort. Des haies, des herbes folles, des ronces enchevêtrées d'un arbre à l'autre forment de chaque côté deux murs de verdure. Au-dessus, les cimes des peupliers et des aulnes se rejoignent en une  voûte impénétrable. Ça et là, quelques éclaircies, la robe verte se soulève. On entrevoit un coin de prairie ensoleillé, des vaches, des mules, une bergère. On devine une ferme. Puis le voile retombe et le bateau flotte pendant des heures entre le vert des arbres et le vert des eaux.

Dans ce demi-jour, les bruits de la nature semblent s'apaiser, les chants d'oiseaux sont rares.

De temps en temps, le cri strident ou le coassement du tire-arrache (la fauvette des roseaux) – les maraichins prétendent que sa voisine la grenouille lui a appris à chanter – troublent le silence de cette solitude. Un martin-pêcheur traverse dune rive à l'autre comme une traînée de saphirs.

Des mouettes ou des alouettes de mer voltigent au ras de l'eau. le bruit d'un barrage, les coups de cognée d'un bûcheron, les appels d'un laboureur s'entendent à des lieues.

De place en place on croise d'autres routes d'eau.

Tantôt immenses, tantôt prolongées à l'infini en ligne droite, elles se rejoignent, se coupent, se groupent parfois comme à de véritables carrefours. La comparaison avec certains souvenirs poétiques s'impose. 

 

Le terme de « Venise verte » nait naturellement à l'esprit. 

Celui de « Petite Hollande » serait plus juste.

À son tour, Henri Chevallier, dans Le Pays de France 1 du 10 juin 1914 évoque « mais tandis que les travaux des hommes ont transformé ce sol, jadis maudit, en une immense "Venise verte" fertile, verdoyante et merveilleusement saine, un singulier phénomène s'est produit .»

Puis Henri Clouzot 2 reprend ce terme dans Sport et Tourisme de septembre 1919 et dans Le Tourisme moderne de juin 1920. 

 

 

 

 

 

  

 

  

 

 

 

  

 

 

 

1 - Le Pays de France (sous-titré Organe des états-généraux du tourisme, est un ancien périodique français illustré publié de 1914 à 1919. Initialement à vocation touristique, il a adopté une ligne patriotique dès l'entrée en guerre.

 

2 Henri Clouzot -  né à Niort le 17 septembre 1865, fils de Léon Clouzot libraire. En 1908, il fut nommé conservateur du musée Galliéra. Auteur de nombreux ouvrages et publications sur la région. Il décède à Paris le 24 septembre 1941.

 

 


 


Sources:

- Bulletin de la Société historique des Deux-Sèvres 1966

- Pays de France 1914

- Le Monde moderne 1902

- Sport et Tourisme 1919

- Tourisme moderne 1920 supplément de la Renaissance



Les premiers touristes de Coulon

Maurice Moinard


Quand on parle de tourisme à Coulon, on pense bien sûr à ceux qui viennent visiter le marais, mais il est aussi des Coulonnais qui pratiquent le tourisme et ils sont, fort heureusement de plus en plus nombreux.

Parmi les pionniers de cette activité de loisir on peut citer la famille Des Gennetières ainsi qu'Alexandre et Émilienne Bertrand. 

Les Des Gennetières habitaient la Gastinerie1. C'était une famille aisée et qui avait le goût du voyage, c'est pourquoi, ils avaient fait construire, par Félix Veillat 2, deux roulottes : 

une pour le confort des maitres, l'autre pour les domestiques, car ces touristes avaient le sens du confort bourgeois, y compris dans leurs déplacements.

Pour abriter les roulottes, ils avaient fait construire un garage en face de leur domicile.

On ne connait pas le périple de ces randonneurs. sans doute n'allaient-ils pas très loin car les roulottes étaient tirées par des chevaux, leur vitesse était donc limitée.

On peut imaginer toutefois que cette famille et leurs serviteurs pratiquaient les bains de mer au début du XXe siècle.

Plus tard, après le Première Guerre mondiale et lorsque l'automobile s'est développée, Alexandre Bertrand et son épouse Émilienne furent eux aussi pris de l'envie de voyager. Ils demandèrent à Félix Veillat, leur neveu, de leur construire une roulotte, mais cette fois, sans domestique et tractée par l'automobile ce qui autorisait de plus longs déplacements.

Les Bertrand sûrent aussi faire partager leur goût du voyage puisqu'ils organisèrent des excursions, principalement au bord de la mer, à Chatelaillon ou parfois Royan. Beaucoup de Coulonnais leur doivent de précieux souvenirs.l

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1 - Voir l'article

La maison noble de la Gâtinerie

 

 

2 - Charron,  dont l'atelier était situé à l'angle de la rue du Cimetière et de la rue Gabriel-Auchier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Une visite au Marais

Extrait du Mémorial des Deux-Sèvres - 02 aout 1933


Il y a quelque temps une quinzaine de personnes du Canoë club sont venus excursionner dans notre marais. Elles ont goûté un véritable envoûtement. L'une d'elles a décrit la promenade en termes dithyrambiques. Nous empruntons les quelques passages suivants à ce récit.

 

Coulon avec ses maisons claires s'offrit à nos regards enchantés, Venise rustique, capitale de cette contrée particulière qu'est le marais, contrée de grasses prairies entourées d'arbres et de canaux. Elle possède un attrait qui ne se dément jamais. Ses habitants sont d'une complaisance extrême et empreints d'une bonhomie déférente.

La Sèvre y a un cours paresseux et forme une grande rue liquide qui ne ressemble à rien d'autre. Ce ne sont que quelques longues barques plates, attachées aux deux rives se balançant mollement.

Dès qu'on a quitté ces dernières habitations, le coup d’œil n'en est pas moins ravissant. C'est une suite continue de peupliers, de saules, de frênes au bord de l'eau calme. De temps en temps on arrive à un croisement, on débouche dans une sorte de clairière et ce sont des cris d'admiration pour les perspectives variées qui s'offrent à la vue. On passe sous des voûtes de verdure à travers lesquelles le soleil glisse de timides rayons. Des odeurs de foin coupé flottant alentours. Des plantes aquatiques forment des nappes merveilleuses où l'ombre et la lumière réunissent des compositions picturales à désespérer la plus habile palette. Le clapotis occasionné un instant par nos coques avançant sous l'effort en file indienne trouble à peine ces lieux de rêve.

Mais les canoéistes ne sacrifiant pas qu'à la poésie et leur président, qui sait qu'une douzaine de kilomètres au bout des pagaies ont aiguisé les appétits, leur a aménagé un asile où l'on va se restaurer. Cet asile est l'hôtel de la Gastynerie.

 

Écoutez ce qu'en dit l'historiographe de l’excursion :

 

À l'hôtel de la Gastynerie, nouvellement installé, nous trouvons une hôtesse extrêmement affable et ingénieuse. Sous un préau, aux murs étincelants de blancheur, un déjeuner exquis nous est servi dans une faïence à fleurettes.

Après quoi une charmille à l'ombre bienfaisante entend les gais propos des convives satisfaits.

Mais il faut repartir et nous quittons à regret  cet endroit accueillant où il existe une atmosphère unique familiale et distinguée à la fois que personne n'oubliera, non plus la délicatesse des mets.

Il est 16 heures et notre groupe se mit en route à travers champs pour regagner la gare d’embarquement.

Des tribulations devaient contrarier le fin de cette croisière, un chariot s'effondre avec sa roue inserviable. Il fallait charger alors deux canoës sur un autre avec prudence et l'heure passait !

Nous gagnons la gare prochaine. Enfin on arriva juste à temps sur le quai... On nous prend un train qui conduit à Niort, en attendant le train de Poitiers durant deux heures. Après un autre train nous prend pour rentrer à Poitiers.

 

À une autre fois Coulon ! Nous reviendrons.

Ne serait-ce que pour voir, après les ardeurs du jour, le soleil rosir les façades de ces maisons blanches ou pour voir les clartés de l'aurore se glisser parmi les verts feuillages tout le long des canaux qui ne finissent pas.