Napoléon 1er à Bessines


Entrevue de Napoléon 1er et du maire de Bessines.

Napoléon 1er passa par Niort le 7 avril 1808 et, dans l’après-midi, des réceptions officielles se déroulèrent à la préfecture de la ville.

 

Plusieurs personnalités défilèrent devant l’empereur qui les écoutait gravement, réservant sa réponse pour plus tard. Quand le tour du maire de Bessines arriva […] il avait sollicité un entretien afin d’exposer « l’affaire des marais de Bessines », car depuis longtemps cette question avait été portée devant le Conseil d’État, mais celui-ci n’avait pu y apporter de solution, car on ne savait pas à qui appartenaient les « marais mouillés » qui bordaient la Sèvre.

 

Depuis l’an XII, année de son élection, le brave maire de Bessines, M. Guibert, luttait contre ceux qui voulaient conserver les marais mouillés, alors que lui aurait voulu que ces terrains soient asséchés afin d’augmenter le nombre de parcelles cultivables pour sa commune.

 « Eh bien ! Monsieur le Maire, dit Napoléon, rendez-moi compte de l’affaire de vos marais. »

 Le brave homme n’avait pas l’habitude de s’exprimer devant une telle assemblée. Au conseil municipal cela peut aller mais ici, surtout devant l’empereur, il ne se sent pas très à l’aise. M. Guibert commence à bafouiller. On ne comprend pas ce qu’il dit et les gouttes de sueur qui coulent sur son front et sur ses joues prouvent son embarras et sa gêne… À tel point que l’ingénieur, conducteur des travaux d’assèchement, s’approche et se plaçant devant le maire, dit en souriant :

« Sire, laissez-moi vous expliquer la chose. » 

Et voilà l’ingénieur qui commence une longue explication technique aussi incompréhensible que celle du maire ! Mais cela provoque une saine réaction chez M. Guibert qui reprend ses esprits et se place à son tour devant l’ingénieur… Mais sa colère lui fait oublier la langue française et c’est en patois qu’il s’adresse à l’empereur :

« M’ssieur le Sire, quiau magistrat charge a vous trompaïe ce brave houme que v’là (en montrant le préfet). Ils z’avons dit que c’marais éta un palu submergé toute l’année ; o l’ia de l’harbe à c’t'heure, houte comme chieu ! On vous a dit qu’lé foussés avaient 20 pés d’large alors qu’ils n’on que 3 pés ! On peut facilement assécher !... »

Maintenant le maire est libéré de sa peur ! debout devant l’empereur, qui sourit, M. Guibert avance la jambe pour montrer la largeur de trois « pès » et… manque d’écraser les pieds de Napoléon qui, prudemment fit un pas en arrière. À chacune de ses affirmations, M. Guibert ajoutait d’une voix forte : « Fasé m’coupé l’cou si ol é pas vrai ! »

« Maintenant, ajouta-t-il pour terminer, j’ai soutenu les intérêts de mes paroissiens. J’attends votre verdict ! »

Napoléon lui répondit : « Eh bien ! vous avez bien défendu vos intérêts Monsieur le maire ! Vous avez gagné votre procès ! Le marais sera asséché, la loi le veut, c’est aussi ma volonté. Je ferai parvenir les frais du dessèchement et je donne le fonds à la commune de Bessines ! »

Alors le maire, transporté de joie, saute sur place et crie :

« Vive l’empereur qu’est un brave houme ! »

Ce cri de « Vive l’empereur » fut repris et répété par tous les assistants.

 

Vous savez maintenant pourquoi Bessines n’a plus de « marais mouillés » !

Au fait, y a-t-il une statue de M. Guibert à Bessines ?                                                                                 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



  Source 
 - André Voisin - Almanach du Poitevin