Le mariage

 

Vive la mariée ! Vive la mariée !

 

Vous vous rappelez, Célina, l’année de la noce à Naïs, l’ainée des filles à Robineau, ? Deux garçons d’honneur !  Une belle musique : un violon, deux pistons, un bugle, une clarinette.

« Le vieùs Robinea avét velu qu’o s’passe queme den sun tenp é l'avét demandai a sun belot Jhandieù de saluàe la mariàie avécr daus cops de fousell…
Enpràe réçounàe la noce avét fét le tour dau bourc avéc lés musicours é dançai su totes lés pllaces ; é le traesiaeme jhour, i aviun jhitai le balai su lés teblles de la mésun. Jhandieù s’étét cachai pr dare ùn pilàe de la sagristie. Désque veyit le cogn de la coefe a la mariàie, le lachit deùs cops… Pan ! Pan !

derrière le pilier de la sacristie… » 1

Vous parlez que la mariée en fit un saut. Ce sont des coutumes qui ne se pratiquent plus aujourd’hui.

Et puis tout le village était là, et un énorme feu de joie (fagots garnis de lauriers, de roses de papiers ainsi que des rubans) était sur le parcours de la mariée. Elle devait allumer ce feu pour avoir du bonheur toute sa vie durant.

Toutes les personnes qui saluaient la mariée étaient invitées au repas ou à un  « coup-à-boire ». Le barriquot suivait le cortège avec le vin et les tourteaux.

… Et le repas… et le bal… On dansait le quadrille, les rondes, les polkas, les scottishs, les avant-deux…..

Puis les mariés partaient se coucher sans avertir… mais personne ne savait où.

Le matin, les gens de la noce préparaient une soupe à l’oignon pour aller réveiller les mariés.

« I ve dis pa ! Ine soupe bén poevràie ! Daus boudins, dau vin, é tot çheù den ùn pot de chanbre ! » 2

C’était la tradition. Et la chanson :

Portun-li la soupe a l'egnun

Al ét salàie

Portun-li la soupe a l'egnun

Al ét poevràie 3

 

Et puis la musique !
« Un tapét su daus castroles.
Lé voesins aviant dau màu  pr dormi… Ol étét le bun vieùs tenp que le desiant. » 4

 

 

 

 

 

Commune de Coulon

Mariage du 4 mars 1848 5

 

Nous allons procéder au mariage

entre :             Monsieur Grigouillard Zacharie, Symphorien, Sulpice

                       né le 29 février 1824 à Jousson, commune de Magné

                       Profession :   pêcheur à Jousson

                        Fils de M. Grigouillard Timoléon, Ignace, Saturnin (surnommé Grigou)

                       et de Mme Capudsou, épouse Grigouillard Adélaïde, Philomène, Hortensia,

                       mariés le 1er avril1823 à Magné

 d’une part,

 et                    Mademoiselle Rapialourd Félicité, Euphrasie, Mercédès,

                       née le 14 juillet 1829 au Mouille Cul, commune de Coulon,
                       profession : laveuse de linge sale

                        Fille de : M. Rapialourd Policarpe, Arsène, Zéphirin

                       et de Mme Rabalbot épouse Rapialourd Pulchérie, Dorothée,

                       mariés le 4 septembre 1827 à Coulon

D’autre part.

les familles ont souhaité un contrat de mariage

Les deux époux apportent chacun en dot :

 

Pour Mademoiselle Rapialourd Félicité, Euphrasie, Mercédès :

           4 casseroles (dont une sans queue)

           1 poêle encore bonne et une à trous pour les châtaignes

           une cruche à eau ébréchée

           10 fourchettes et 9 cuillères à soupe

           4 petites cuillères, 8 verres encore bons

           2 couteaux

           4 draps (2 de d’sus et 2 de d’sous), 2 nappes bordées

           10 serviettes de table

           1 cabinet à une porte (presque neuf) avec sa clé

           1 coffre en bois inconnu

           10 livres de chanvre

           1 batout et un garde-geneuils pour la bugeaille

 

Pour Monsieur Grigouillard Zacharie, Symphorien, Sulpice

           Une servitude pour se loger (à réparer)

           – la grand’mère habitera avec eux (faudra s’en occuper) car elle n’est pas valide

           20 boisseaux de blé

           12 boisseaux de baillarge

           Un quarteron de fagots

           Un bateau 15 pieds, 2 pigouilles

           10 bourgnons,

           un petit terrain dans le marais

           un lit bateau et sa paillasse

 

Mademoiselle Rapialourd Félicité, Euphrasie, Mercédès

par ce mariage, vous devrez obéissance à votre mari, lui préparer ses repas, entretenir sa maison, vous occuper de lui et de sa grand’mère sans jamais vous plaindre ;

Mademoiselle Rapialourd Félicité, Euphrasie, Mercédès

souhaitez-vous prendre pour époux  Monsieur Grigouillard Zacharie, Symphorien, Sulpice ici présent ?

 

Monsieur Grigouillard Zacharie, Symphorien, Sulpice,

vous serez amené à nourrir votre femme et vos enfants si vous deviez en avoir. Vous devez diriger votre famille en ayant soin de lui apporter chaque jour la nourriture nécessaire.

Monsieur Grigouillard Zacharie, Symphorien, Sulpice

souhaitez vous épouser Mademoiselle Rapialourd, Euphrasie, Mercédès ici présente

 

vive la mariée, vive la mariée

 

Je vous déclare unis par les liens du mariage.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. « Le vieux Robineau avait tenu à  ce que tout se passe comme en son temps et il avait demandé Jeandieu de saluer la mariée par des coups de fusil… Après déjeuner, la noce avait parcouru le bourg avec les musiciens et dansé sur toutes les places ; et le troisième jour, nous avions jeté le balai sur le toit de la maison. Jandieu était caché derrière un pilier de la sacristie. Dès qu'il aperçut un coin de la coiffe de la mariée, il lâcha deux coups… Pan ! Pan ! »

 

 

 

 

2. Je ne vous raconte pas ! Un soupe bien poivrée ! Des boudins, du vin, et le tout servi dans un pot de chambre ! »

 

 

 

3. Portons-lui la soupe à l'ognon / Elle est salée / Portons-lui la soupe à l'ognon / Elle est poivrée.

 

 

4. « On frappait sur des casseroles. Les voisins avaient bien du mal à dormir… C'était le bon temps, disait-on. »

 

 

 

 

 

 

5. Texte parodique de mariage civil emprunté à des associations folkloristes.