18 juin  1801 à Coulon - Incendie dans la rue du Four

Extrait du Journal officiel du département des Deux-Sèvres du 5 messidor an 9 (24 juin 1801)


Depuis  deux mois, on observe que les incendies se multiplient dans plusieurs contrées de la France et de l’Europe.

Notre département vient d’offrir un nouvel exemple de ces malheurs effrayants. Voici le compte-rendu que le préfet en a rendu au ministre de la Police générale.

« Dix-huit maisons ou cabanes du bourg de Coulon, situé sur la Sèvre Niortaise, sont réduites en cendres. Le feu a pris le 29 prairial, vers les quatre heures du soir, chez un sabotier.

Tous les paysans étaient à leurs travaux. Le vent a porté les flammes à une grande distance, et les cabanes de roseaux ont fourni un aliment terrible à l’incendie. Une grande quantité de fourrages nouvellement récoltés, des merrains, les pressoirs d’un moulin à huile, ont été consumés. Plusieurs vaches et juments poulinières ont été brûlées dans les étables. On peut évaluer la perte à environ 12 000 francs. Personne n’a péri, mais la plupart des incendiés sont réduits à la mendicité. Il ne leur reste que l’habit qu’ils avaient sur leur corps. J'ai pourvu à leurs besoins les plus pressants.

Les pompiers de Niort s’y sont transportés et ont rendu de grands services, mais on les a appelés trop tard. Le maire avait trop compté sur le zèle de ses concitoyens. L’habitant du marais est naturellement apathique, et cet événement en fournit une triste preuve. J’ai vu des malheureux qui avaient tout perdu se promener d’un air indifférent sur les cendres de leurs chaumières ; ils semblaient étrangers à leur désastre. D’autres s’occupaient tranquillement à des ouvrages de couture tandis qu’autour d’eux, devant eux, tout était en flammes. La Gendarmerie nationale ne pouvait les contraindre à former une chaîne pour alimenter la pompe. Il a fallu qu’une femme généreuse, Madame de Montbrun, payât des hommes de journée pour rendre ce service.

Elle et sa sœur ont pansé les blessés. Un jeune homme de Niort, le citoyen Juin, qui s’était rendu à Coulon sur le premier avis de l’incendie, y a déployé un zèle et un courage digne d’éloges. »

 

Signé Dupin (Claude Dupin a été préfet des Deux-Sèvres de 1800 à 1812)

 

Jean-Louis Gibaud ajoute 

Le préfet a chargé une commission composée du maire de Coulon, de son adjoint, de Mme de Montbrun, des citoyens Soulice fils, officier de Santé, et Breillac, fermier de Glandes, de faire la distribution des secours destinés aux malheureux incendiés.