L'anguille européenne


 

L’anguille européenne (Anguilla anguilla) est un animal emblématique du Marais poitevin, ressemblant à un serpent, mais il s’agit d’un poisson de la famille des anguillidés, de la classe des actinoptérygiens et de l’embranchement des vertébrés. Elle a un corps allongé serpentiforme de 40 à 50 cm pour les mâles et de 40 à 130 cm pour les femelles. Ses nageoires anales et caudales sont réunies en une seule nageoire très longue et sa nageoire pelvienne est absente. Les nageoires pectorales sont petites et arrondies. Sa peau très épaisse est recouverte d’un important mucus et comporte de petites écailles incrustées. Sa mâchoire est garnie de nombreuses petites dents.

 

L’anguille est carnivore. Elle se nourrit surtout la nuit, grâce à un odorat très développé, de larves d’insectes, de petits poissons, de sangsues, de vers, de mollusques, de grenouilles et d’écrevisses. Sa respiration cutanée lui permet d’absorber l’oxygène dans l’air, rendant possible de brèves excursions hors de l’eau pour passer un barrage par exemple.On retrouve l’anguille sur tout le territoire français, mais de manière plus abondante dans les étangs et les embouchures des fleuves. Elle se trouve préférentiellement dans les fonds vaseux ou encombrés de végétaux et de rochers. C’est un poisson migrateur qui effectue se reproduit en mer et effectue sa croissance en eau douce. L'anguille se reproduit dans la mer des Sargasses (au large des Bermudes), à 200 à 300 mètres de fond. C’est le seul lieu connu de reproduction des anguilles. À l’heure actuelle, la naissance des anguilles n’a pas encore été expliquée et n’a pas pu être reproduite en laboratoire. C’est un poisson ovipare. La larve, qui mesure environ 5 mm, se dissémine au gré des courants. Seules survivront celles qui suivent le Gulf Stream, entamant leur migration vers l'Europe. Le voyage dure environ six mois.

 

À l'abord des côtes, au niveau de la baie de l’Aiguillon pour le Marais poitevin, elle se métamorphose en civelle1. L'alevin transparent de 5 à 7 cm se prépare dans les eaux saumâtres à la dernière étape de son périple. Elle entreprend alors de coloniser estuaires, marais côtiers, fleuves et rivières, luttant contre le courant pour progresser.

 

Sans les barrages elles pourraient remonter jusqu'à 800 kilomètres d'une embouchure.

Les nombreux barrages destinés à gérer l'évacuation des eaux douces sont des obstacles quasiment infranchissables pour elles. Pour les aider, il existe aujourd'hui des passes à civelles. Système ingénieux mis en place sur les ouvrages hydrauliques du Marais poitevin par le Parc interrégional. Une fois installée, la civelle devient anguille et vit une douzaine d'années. Une dernière mutation s'opère alors avec une série de changements biologiques. L'anguille dite d'avalaison se laisse porter par le courant jusqu'à l'Atlantique pour un nouveau périple.

Une fois arrivée en mer des Sargasses, elle donnera la vie à de nouvelles larves et mourra.

 

Longtemps considérée comme nuisible car elle se nourrit des larves de salmonidés, l'anguille est aujourd’hui menacée. Les populations diminuent partout en Europe depuis 50 ans. Les anguilles du Marais poitevin pourtant bien positionnées par rapport à l’arrivée de civelles de l’Atlantique ne sont pas préservées par ce phénomène, bien qu’elles soient considérées comme une espèce d’intérêt patrimoniale, et emblématique du Marais poitevin.

Les raisons des menaces sont diverses :

 

- Le franchissement des barrages dans le Marais poitevin est une difficulté supplémentaire. Pourtant, l'installation de passes à civelles est une réussite et fait du Marais poitevin un pionnier en France. C'est à Marans que la première passe à civelle de France a été installée en 1984.

 

- Longtemps considérée comme nuisible dans certains cours d'eau, l'anguille présente la particularité d'être exploitée à tous les stades de son cycle biologique. Rien de critiquable tant qu'elle était abondante. Mais aujourd'hui, il devient nécessaire de préserver un nombre d'individus suffisant, tant au niveau des civelles que de la pêche d'avalaison. On peut optimiser la production naturelle d'anguille en favorisant la colonisation des basins versants. Et l'économie complique singulièrement le problème. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - Les civelles sont un mets très recherché et extrêmement cher. Elles sont donc pêchées ou braconnées de manière excessive dès leur arrivée sur les côtes atlantiques. Le prox des civelles atteint des sommets sur le marché asiatique (304 € le kilo).

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

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 Voir articlcle de presse :

▣ L'anguille, un poisson très convoité

 

 


 

Oiseaux - Insectes - Mammifères

Michel Toussaint 


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La rosalie des Alpes : cet insecte est protégé par la loi et sa capture est interdite
La rosalie des Alpes : cet insecte est protégé par la loi et sa capture est interdite
L'écureuil
L'écureuil
Le chevreuil
Le chevreuil

 

Le frêne

Michel Toussaint 


Fraxinus ornus
Fraxinus ornus

Les deux images ci-dessus montrent des frênes atteints de chalarose.

 

Les premiers symptômes de chalarose dans le Marais poitevin ont été détectés en 2016

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Informations sur la chalarose :
 ici 
▣ et ici


 

Le peuplier

Michel Toussaint 


La Garette - plantations de peupliers à l'arrière - rue des Gravées
La Garette - plantations de peupliers à l'arrière - rue des Gravées

 

Le peuplier - populus

Il appartient à la famille des salinacées, comme le saule. C’est un arbre dioitique 1.

Il en résulte que l’on trouvera des peupliers mâles et d’autres femelles.

Sur les pieds mâles, au printemps, on peut observer des chatons de fleurs mâles, souples pendants qui se détachent après floraison (parfois appelés « chenilles »).

Sur les pieds femelles, en mai, on voit de multiples petites graines entourées de longs poils formant ce qu’on appelle « le coton ».

Dans le classification botanique, on distingue 5 groupes ou « sections » de peupliers :

- la section leuce ;

- la section aigeros ;

- la section tacamahaca.

Pour mémoire, les deux autres sections sont : turanga et leucoïde

 

La section leuce

Il existe deux espèces et un hybride :

- Les peupliers blancs (populus alba L) ont une écorce lisse, d’un blanc crayeux, des feuilles arrondies avec un duvet blanc pur à la face inférieure.

- le tremble (populus trémula L) a une écorce gris verdâtre, des feuilles rondes. Son nom vient du tremblement presque permanent de ses feuilles. Le pétiole de la feuille, très aplati agit à la manière d’un ressort de torsion sous l’effet du vent.

- Le grisard (populus canescons L) est un hybride des deux précédents avec les propriétés bénéfiques de l’hybridation.

 

Les hybrides bénéficient souvent du phénomène d’hétérosis. On note alors un accroissement de la vigueur ou des performances supérieures de l’hybride par rapport aux « parents » dont il provient. L’effet hétérosis s’observe aussi dans le règne animal.

Le robuste, quant à lui, est apparu en 1895, issu du croisement du Populus Angulate (deltoïde américain) avec une forme pyramidale du peuplier noir. Il a été très planté en France depuis un quart de siècle 2 mais ne s’est pas imposé dans le Marais poitevin.

Installation progressive des peupliers dans le Marais poitevin

 

Installation progressive dans le Marais poitevin 3

Du Moyen Âge au début du XIXe siècle, le Marais poitevin était peu boisé.

Vers 1840, les peupliers noirs locaux (charpes) vont être progressivement remplacés par un hybride, le populas serotina (dit peuplier de Virginie par les maraichins).On pense qu’il a peuplé presque seul le Marais jusqu’en 1875.

En 1872, les premières scieries mécaniques apparaissent favorisant le développement du peuplier.

En 1872, les premières scieries mécaniques apparaissent favorisant le développement du peuplier.

En 1875 apparait le blanc du Poitou.

Vers 1895 le blanc du Poitou s’impose pour représenter, nous dit-on en 1948-1949, les neuf dixièmes peupliers cultivés.

 

Jusqu’au début du XIXe le Marais poitevin était peu boisé. Sans doute y avait-il des roseaux en abondance, des saules, des osiers, des frênes pour le chauffage et des vergnes pour la saboterie, très développée à Coulon mais aussi au Vanneau, mais très peu de peupliers ; au plus, peut-être quelques peupliers noirs (les charpes).

Vers 1840, l’asséchement plus poussé permit de propager les peupliers dont la croissance s’avéra satisfaisante et la culture rémunératrice. Dès cette époque, les charpes ont été progressivement remplacés par un peuplier importé : le populus serotina, que l’on appelait le peuplier de Virginie.

Il est à présumer que le sérotine a peuplé presque seul le Marais jusqu’en 1875.

Ce clône, hybride primaire issu du peuplier noir et du peuplier de Virginie est très tardif, d’où son nom d’espèce « sérotine ».

 

La section aigeros

Deux espèces la composent.

- Nigra : les peupliers noirs sont les clones « italice », « vereecken ». Les peupliers noirs étaient les seuls cultivés autrefois en Europe. C’est le populus nigra à l’écorce de teinte grisâtre, foncée. À ce peuplier se rattache le peuplier pyramidal ou peuplier noir d’Italie planté fréquemment en alignement.

Philibert Guinier, lors de la conférence du 12 mai 1948 à Niort, parle de peupliers noirs locaux, dans le Marais, qu’il nomme « charpes ».

- Deltoïdes (à feuilles en delta) originaires d’Amérique du nord. Beaucoup de deltoïdes sont utilisés en croisement avec des peupliers noirs d’Italie. On appelle ces hybrides euramericains. L’hybride obtenu (mâle ou femelle ) sera multiplié par bouturage.

 

Il existe de nombreux exemples d'hybrides euroméricains.

- Le virginie 4Populus serotina (tardif).

- Le hâtif, hybride primaire femelle de peuplier noir et de peuplier de Virginie. Très cultivé dans l’Ouest au XIXe siècle, les habitants du Marais l’ont appelé « Virginie »

- Le robuste – Populus Robusta Schneider. Il serait issu, en 1895, du croisement du Populus Angulate mâle (deltoïde) avec une forme pyramidale de peuplier noir.

- Le blanc du Poitou (femelle), qui serait apparu vers 1875.

Nous avons deux versions quant à son origine : 

- Soit un hybride apparu dans le Marais Poitevin ou dans la vallée de la Boutonne (région d’Archingeay) – croisement d’un sérotine femelle. *charpe mâle

- Ou un mutant de sérotine avec des caractère de croissance, de précocité supérieure. Vers 1895, les caractères améliorés s’étant confirmés, le blanc du Poitou est devenu, selon les données du congrès régional de 1948, le peuplier le plus planté du Marais. Il représentait alors les neuf dixièmes des peupliers cultivés. Le robuste n’ayant pas pu réellement s’imposer.

 

En 1948, les auteurs du rapport signalé vantaient la rapidité de sa croissance – nettement supérieure au Virginie – de 1,60 m à 2 m de tour, en moyenne, à 25 ans.

 

Autres euroaméricains

- Le Dorskamp (femelle) est un peuplier issu du croisement entre un deltoïde de la vallée du Missouri avec un peuplier noir indigène de la vallée du Po. Il a déçu dans le Marais !

- Le Flevo est issu du même croisement que Dorskamp.

- Le Ghoy (mâle) est un deltoïde, peuplier noir indigène.

- Le I 214 (mâle)

- Le I 45/51

- Le Koster (femelle), deltoïde du Michigan, peuplier noir Vercecken.

 

La section tacamahaca

On les appelle baumiers car ils dégagent une odeur agréable lorsque l’on froisse les feuilles. Originaires d'Asie, ils sont très précoces.

Quelques exemples :

- Populus Simonii – peuplier de Simon – planté en ornement

- Populus Yunnanensis, originaire d’Amérique du nord

- Populus tricho carpe donne de nombreux clones, dont Fritzi Pauley, Colombia River, Le Trichobel (hybride de Fritzi), Pauley columbia River.

Les hybrides interaméricains sont des croisements entre des deltoïdes et des trichocarpes. Ils ont de nombreux clones, dont Donk, Unal, Beaupré, Humegem…

 

 


 

 

 

1 - Du préfixe die et du grec oikos, demeure. Se dit d'une plante ayant les fleurs mâles et les fleurs femelles sur des pieds séparés, comme le chanvre, le houblon, le dattier…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

2 - Donnée fournie à une conférence donnée au Congrès du peuplier à Niort en mai 1948.

 

 

 

3 - Sources pour ce paragraphe :

- Revue forestière du Marais poitevin n° 2 - mai 1948

- Serfob (Service de la forêt et du bois)

- Alain Rousset, technicien au CRPF (Centre régional de la propriété forestière). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 4 - voir : Les peupliers du marais poitevin - Gaston Condat