De Colunus à Coulon


Coulon, capitale de la Venise Verte, Colunus en 869, Colongia en 944, Colums en 1154.

Colonus avait son cimetière gallo-romain à 800 mètres en amont du bourg, en bordure de la voie romaine allant de Saintes à Angers, cette voie traversait la Sèvre au gué de la Grange. En 1868, en aval du gué, deux pirogues celtiques ont été découvertes. Tout près, en 1883, furent retirés trois sarcophages gallo-romains, quatre petits bronzes de Constantin (306-337). 

En 1971, au lieudit le Coteau de Montigné, les photos aériennes de Maurice Marsac ont permis de découvrir un important village néolithique et des fouilles furent menées à partir de 1978 par Jean-Pierre Pautreau. En 1984, en bordure du bief de Glandes, au lieudit le Champ du Maréchal, des travaux ont amené la découverte d'une roue de char funéraire en bronze datant de la fin de l'âge du bronze.

 

Au sud de l'église, de nombreux sarcophages mérovingiens seront mis au jour, notamment en 1969. Avant la Révolution, Coulon faisait partie de l'Aunis, dépendait de la châtellenie de Benet, de l'élection de Niort et de la paroisse du diocèse de Saintes. L'église, fondée vers 830 par les moines de Charroux, fut placé sous le vocable de saint Sauveur à la fin du XIIe siècle. Rattachée à l'abbaye de Nieul-sur-l'Autize, elle prit le vocable de la sainte Trinité au IXe siècle. Saccagée par les Normands, l'église fut reconstruite au XIe siècle en style roman. Restaurée au XVe siècle, la nef sud avec la porte latérale seront refaites en style ogival.

 

Incendiée en 1569 par les protestants, le clocher fut reconstruit en 1671. La litre funéraire, peinte à la fin du XVIIIe siècle, sous le balét, au dessus de la petite porte, est due à Gabriel Simon de Montbrun, seigneur de Coulon. Grâce aux donations des Lusignan, la terre de Coulon se trouva répartie en quatre fiefs : de Laleu, de Payré, du Marais et de Verruyes, avec les seigneuries d'Ambreuil et de Glandes. Réunis à la fin du XVIe siècle, les quatre fiefs formèrent la seigneurie de Coulon, Pierre Pellot en devenant seigneur à part entière (aveu de 1583).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 


Coulon avant Coulon
Jacques Altmeyer-Carrio 


 Avant de préciser l’histoire et la formation de Coulon, il faut décrire succinctement :

- la géographie du pays considéré : le golfe du Poitou 

- Les différentes ethnies ayant composé la population

 

Le golfe du Poitou

 

Le golfe était, à l’âge de pierre, un large fleuve de 5 à 6 km comme en témoignent les nappes de cailloux roulés. 

Champmoreau, hautes terres, était seul habité. Plus tard, la mer envahit notre région. Le golfe avait 40 km de profondeur (voir carte) pour arriver près de ce qui sera Coulon. Le colmatage a commencé au néolithique (10 000 ans avant notre ère). 

Au fur et à mesure des siècles, le rivage a changé : 

- À l’époque de Jules César, la mer se situait à 13 km environ à l’est, soit entre l’Ile d’Elle et Marans. 

- Au XIIIe siècle, le rivage passait à Villedoux, l’anse du Braud, Groix, l’ile de Champagné, Saint-Michel-en-l’Herm, la pointe du Rocher. 

- Au XVIIe siècle, en 1677 le rivage passait à Esnandes, à l’ouest de Charron, la Sèvre au Rocher (embouchure – vieille digue sur la rive droite de la Sèvre, fonction avec le canal de Luçon – bot de Champagné – Chenal vieux – la flèche de l’Aiguillon (entre le village et la pointe).

Plus tard viendront les dessèchements avec des tentatives par les Romains sans que nous ayons ni traces ni preuves.

 

Les premières mentions datent du haut Moyen Âge, en 1002, soit le XIe siècle. 

- Aux XIIe et XIIIe siècles par les moines possédant des marais improductifs donnés par les seigneurs. La guerre de Cent ans ruine le travail existant.

- Au XVIe siècle, Henri IV fait appel à des Hollandais.

- Au XIXe siècle, Napoléon poursuit son œuvre.

   

Les ethnies

 

Au plus profond de l’histoire existaient des tribus innommées, puis s’installèrent :   

- Les Ligures et les Ibères soumis par les Romains (133 av. J.-C.) 

- Les Celtes du XIIIe au VIIIe siècle av. J.-C. 

- Les Gaulois, du VIIe au Ve siècle av. J.-C., installés dans la cité des Pictons (du latin Pictones : peint (armes et corps peints).

 

- Après l’envahissement des Celtes ou Gaulois, vient la conquête de la Gaule par les Romains. Jules César, la première fois entre 58 et 51 av. J.-C., qui donnera la civilisation « gallo-romaine », comme en témoignent de nombreux monuments et le latin.

 

- Au IVsiècle – en 369, les Bagaudes se révolteront contre les romains. Pour se défendre ces derniers font appel au Lètes ou fédérés barbares qui étaient des barbares de toutes nations faits prisonniers et installés par les Romains sur nos terres, a eux concédées, à charge d’un service militaire.

 

- Au Ve siècle, la Gaule est envahie par les Vandales, les Francs, les Burgondes, les Wisigoths, les Alamans, les Huns, les Saxons, les Bretons.

 

- Aux VIIIe et IXsiècles par les Arabes (732) et les Normands,


- Au Xe siècle, par les Hongrois

 

 En ce qui concerne les Normands, ils furent battus le 4 octobre 853 par Ramnulf, comte de Poitiers, à Brouillac à côté de Coulon.

 

Plus près de nous : Coulon

 

Nous avons vu que les fédérés barbares, les Bagaudes s’installèrent sur notre pays.

 

Ceux du Poitou sont connus sous le nom de « Taïfales » (ils ont laissé leur nom au lieudit La Tiffardière) .

 

Il n’empêche que, sous la poussée des Barbares, l’empire nouveau s’écroule.

 

Seule l’église reste debout. Dans une charte, il est dit que le camp de Coulon (colonie des Lètes), au VIIIe siècle, fut donné en 785 à l’abbaye de Charroux :

 

« castrum quod dicitur colomps in page alniensi »

 

C’est ainsi que la première église fut construite avant 869 ainsi que le prieuré conventuel (couvent).

 

Mais ce n’était pas encore un village, seulement des huttes se groupant. Il est probable que des habitations existaient à l’époque gauloise à Coulon, mais nous ne possédons aucune preuve formelle.

 

Un cimetière très ancien, près du Pré Feuillant et du Gué, ainsi que son nom d’origine latine, démontrent que notre bourg étaient en voie de formation pendant l’occupation romaine (59-61 av. J.-C.) d’où est sorti le vocable de civilisation gallo-romaine, ayant comme langue nationale le latin, et d’où les noms de lieux a consonnance latine.

 

En effet, il faut plusieurs siècles pour former un bourg. À l’époque celtique, ce ne pouvait être qu’un pauvre village de huttes.

 

La preuve en est que le nom de Coulon, venant de Colonnus, n’est mentionné pour la première fois que dans les actes du Concile de Verberie en 869 (IXe siècle) : Colonus = Colon et Colongia = Colonie.

 

 Le hameau s’agrandit et devint un bourg, puis prit le nom de paroisse pour, après la révolution, devenir la commune que nous connaissons.

 

- Au Xsiècle, Coulon devint par la suite un domaine rural « Villa » qui, en raison des habitations des tenanciers, constituait un véritable village.

 

- Au XIsiècle : 

   - Columps (1050) 

   - Colonis (1061-1073) 

   -Colums (1098-1099)
  

- IXet IXe siècle : la première église dura deux siècles environ, soit de 830 à 1030

 

- IXe siècle : elle fut remplacée par une seconde dont il reste actuellement la base du clocher (arcades et voutes)

 

- XIIsiècle : entre 1154 et 1211, elle fut réunie à l’abbaye de Nieul-sur-l’Autize.    

 

Il nous reste un village de forme médiévale entourant l’église dont les extensions ne peuvent être construites qu’aux alentours. 

Village servant à relier la plaine et le marais avec, comme centre nerveux ancien, la Sèvre, et maintenant la route. 

  

Les dessèchements

 

Abbayes associées ayant donné le nom du canal des Cinq Abbés en 1217

 Noms  Abbayes  Dates
 Achenal du Bot neuf  Moreilles  Avant 1199
 Bot de Vendée  Moreilles  1199 - 1210
 La Grenetière  Moreilles  Avant 1210
 Achenal et  bot de l'Anglée  L'Absie  Avant 1217
 Bot de l'Alouette  Grâce de Dieu - Grâce Notre-Dame de Charon - Saint-Léonard-des-Chaumes  Avant 1217
 Étier de Morillon  Maillezais  ?
 Bot de l'Oeuvre neuf  Maillezais  ?
 Achenal d'Andilly  La Grâce de Dieu  ?
 Bot de Brie  La Grâce de Dieu  ?
 Achenal du Roi  Saint-Léonard-des-Chaumes  avant 1244
 Achenal de la Brune Maillezais - Saint-Michel - Saint-Léonard - Commanderie du Temple de la Rochelle 1270

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 


Évolution du quartier du Four


Avant 1807, la Sèvre traversant ce qui est aujourd’hui le parc de Maurepas, arrivait vers le n° 17 de la rue de la Douve, traversait le parc du n° 22 quai Louis-Tardy, passait entre les maisons du n° 6 petite rue du Four et du n° 30 du quai Louis-Tardy pour arriver à la place de la Péchoire, passait à l’emplacement des nos 13 et 15 rue de l’Église pour rejoindre le bras de la Repentie, à l’emplacement où serait édifiée la passerelle.

 

Lorsque l’on eut creusé le nouveau canal entre Maurepas et la rue de l’Église, le bras de la Repentie, quoique navigable, pris le nom de  Vieille Sèvre.

 

État des ouvrages des ouvrages exécutés et dépenses faites pour le redressement du lit de la Sèvre à Coulon au 9 Juin 1808 :

Total du cube de déblais : 6 675,32 m3 transportés dans l’ancien lit à raison de 55 centimes le m3 valent 3671,45 francs.

 

  

Niort le 13 juin 1808 

À la demande de quelques propriétaires riverains, plusieurs canaux furent creusés notamment à l’emplacement de la rue du Château-bas (voir ci-dessous). La Douve du logis prolongée jusqu’à la Sèvre avec un pont en bois sur le halage, ceci aux frais des propriétaires, les ruelles furent aussi prolongées jusqu’à la rivière et des cales établies à leurs extrémités. Depuis longtemps l’administration voulait combler les fossés insalubres, mais les riverains s’y opposaient et même demandaient que le curage et la réfection des ponts écroulés soient à la charge de la commune.

 

Dans une enquête relative à la Douve du logis commencée le 9 décembre 1849 le commissaire enquêteur note :

 

Sont comparus : Bertrand Jacques, cultivateur, demeurant à la métairie de la Coulonnerie. Il nous a déclaré qu’il était urgent de rétablir le pont démoli afin de passer dessous pour continuer la douve du Logis qui sert à charroyer le bois et les herbages. Un autre motif qui dicte le mieux le déclarant est que son bateau amarré dans ce cours est plus en sécurité que dans la rivière.

De même pour Bierce Pierre, scieur de long. « Il a déclaré qu’il voulait conserver la navigation en bateau dans la douve pour aller à la maison qu’il habite et à un jardin qui est longé par ledit cours d’eau. Il a ajouté qu’au cas où la douve serait conservée, il se chargeait de faire le curage dans la part de la douve qui est devant le pont afin de faire cesser les odeurs nuisibles qui exhalent pendant l’été.

Pour Mussat René, journalier, il a déclaré qu’il désirait qu’on rende libre la douve afin d’arriver à un petit chemin qui conduit à la maison qu’il habite, mais qui pourtant a un chemin de 2 mètres pour rejoindre la rue du Grand-Four.

Pour Vigier Pierre, sabotier, il a déclaré qu’il demandait que le pont soit rétabli pour joindre plus commodément la douve qui longe sa maison. Sabotier, il est obligé de charroyer du bois et de suivre la dite douve pour le transporter à son domicile.

Le 12 février 1850, M. le maire de Coulon déclare adhérer aux conclusions du commissaire enquêteur « et sommes d’avis surtout que le canal précité soit converti en rue ».

 

Finalement la douve du Logis sera comblée, la rue de la Douve créée, la rue du Four jusqu’alors sans issue rejoindra cette rue ainsi que la rue de la Coulonnerie. L’ouverture le 23 juin 1850 du grand pont de Coulon et le percement de la rue Main mettront fin à l’isolement de ce quartier. 

Cadastre napoléonien - 1833
Cadastre napoléonien - 1833

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 



Sources :

- Olivier Loth : bulletin paroissial de Coulon 1923-1930  

- Camille Porchet : Le Marais Poitevin et Coulon - 1965

- ADDS S406


Le canal de la Péchoire

Jean-Louis Gibaud


Après l’ouverture du nouveau bras de la Sèvre en 1808, dans la traversée de Coulon, le canal de la Pêchoire ou du port Faribeau fut conservé, à la sollicitation de quelques propriétaires, à la condition de construire et entretenir un pont à leurs frais. Ce canal, qu’enjambait le pont à la hauteur du halage, partant de la Sèvre, suivait l’emplacement de l’actuelle rue du Château-Bas pour se terminer par une mare place de la Péchoire (sur cette place se tenait le marché aux cochons).

 

Au milieu, le port Faribeau situé à l’extrémité de deux venelles (Château-bas) permettait aux intéressés de décharger leurs bateaux. Le service de la navigation et les habitants du coin du Four en demandaient depuis longtemps la suppression. Ce quartier cerné à l’est par la douve du Logis (rue de la Douve et de la petite-rue de la Douve) accédait difficilement par chariots à la Sèvre. Le 5 aout 1842, les habitants concernés dressaient au préfet des Deux-Sèvres une pétition signée par 53 personnes, dont voici quelques extraits :

 

« La Sèvre a toujours été pour Coulon le point le plus important de communication, les maisons formant la partie dite « coin du Four et rue Vérineau » tout entière, ce qui comprend au moins 1/3 du bourg. Les gens ne peuvent accéder à la Sèvre que par deux sentiers étroits. Le premier ne peut être emprunté que par la tolérance des propriétaires (ruelle du Four), le second est placé à l’extrémité du coin du Four et n’offre qu’un passage fort incommode vu son exigüité (petite-rue du Four).

 

Le pont dont il s’agit menace de s’écrouler.

Le fossé traversé par ce pont n’est pas d’une grande utilité puisqu’à cinquante pas, les maisons arrivent à la rivière par un vaste chemin (rue de la Péchoire).

Cette ouverture dans les terres est chaque année, et pendant 4 mois au moins, un cloaque plein de vase qui expose par ses exhalations la santé de ceux qui l’avoisinent. L’on ignore sans doute combien la terrible maladie des humeurs froides fait des ravages dans nos familles et surtout à quelle cause nous la devons. »

Un constat a été dressé le 21 septembre 1842 par Jacques Mussat, garde-champêtre :

« le pont du halage sur le canal de la Péchoire est nouvellement réparé et pour ainsi dire à neuf et ce pont m’a paru fort solide et fait de bon bois. »

 

Finalement, après de nombreuses réclamations, le comblement des douves de la Péchoire et du Logis fut autorisé le 28 aout 1849 et le pont démoli le 27 octobre 1849, remplacé par une buse. Les douves seront comblées en 1850 en rues. Les terrains entre la Sèvre, l’ancien canal et la rue de la Péchoire seront lotis par la suite.


Sources :

- ADDS


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Dictionnaire statistique et historique des communes du département des Deux-Sèvres publié en 1863


Coulon 

Superficie : 2 978 hectares 59 ares

Arrosée par la Sèvre-Niortaise et les ruisseaux de Courpentais et de Glande.

        Le sol est entièrement calcaire sur les coteaux du nord de le Sèvre.

        Le fond où coule cette rivière est argileux et marécageux.

        Froment, baillarge, avoine, chanvre. Vin de médiocre qualité.

        Prairies naturelles. Vastes marais.

        2 bois taillis.

        2 moulins à eau.

- On y élève toutes sortes de bestiaux, dont les habitants font commerce ; les moins aisés s'adonnent à la pêche des anguilles, qu'on emballe après les avoir salées et qu'on envoie dans les départements de la Charente et de la Haute-Vienne.

- On y élève beaucoup de vaches et on fait du beurre pour la consommation de Niort.

- On commerce aussi le bois merrain 1, les cercles et les vins.

Foires : les 16 janvier, 13 février, 27 mars, 24 avril, 15 mai, la veille de l'assemblée de Sainte-Macrine (6 juillet), 6 septembre, 17 octobre, 16 novembre et 24 décembre.

- Situé au milieu des marais, le bourg de Coulon est le rendez-vous de toutes les parties de plaisir des habitants de Niort. Le restaurant du père Grasset a acquis une grande réputation.

 

Mestadier, évêque constitutionnel de Saint-Maixent, mourut à Coulon le 3 octobre 1803.

 

Au Moyen Âge, Coulon était un port ; les navires y relâchaient, et on a le tarif des droits qu'on y percevait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

1 - bois merrain : bois fendu en planches pour la confection des tonneaux.