La foire de Noël à Coulon


Coulon, le 1er janvier 1941

 

Nous nous sommes souvenus au début de ce siècle de l’importance exceptionnelle de cette manifestation attendue comme une fête. On y venait de très loin, de bonne heure au matin. D’innombrables maraichins remontaient en bateaux le cours de la Sèvre. Les quais offraient à cette occasion un spectacle fort curieux. Dans le bourg, les écuries et remises regorgeaient de piétons et d’animaux, aux entrées du bourg, c’étaient la cohue […] tant était grande la renommée de notre foire de Noël.

Mais les rues et les places de notre ville connaissaient une extraordinaire animation. La place qui sépare l’église des anciennes écoles, la place de la bascule, était bondés d’animaux entre lesquels circulaient à grand peine les acheteurs et les curieux, le commerce des porcs se faisait place de la Coutume.

Devant l’église et de chaque côté de la porte dont l’emplacement était occupé par de nombreux forains (merciers, chapeliers, cordonniers, etc.) tandis que la rue de l’Église était réservée aux pépiniéristes et aux marchands de pommes et châtaignes ; Malvina vendait des marrons chauds qu’on allait déguster tout à côté chez « Baudine 1 » ou chez Françoise 2. Bien entendu, on les arrosait d’une bonne bouteille de vin rouge.

On vendait des veaux en face des immeubles occupés par M. Liège et le café Ribreau.

Les chars à bancs étaient gérés sur la place de la Pêchoire et sur les bords des rues accédant au champ de foire.

 

Coulon était ce jour là, le rendez-vous des fermiers et des propriétaires, des employés et des patrons.

On réglait les ouvriers, le médecin, le vétérinaire ; les dames faisaient leurs provisions en vue des fêtes imminentes ; les grands-pères et grands-mères, les papas et les mamans achetaient les noëls et les étrennes des tout petits !

 

Toute la journée, les commerçants étaient sur les dents. Et que dire des cafetiers et des restaurants ! Ils étaient bien une douzaine, rien que dans le centre du bourg, où se pressait une foule criante et gesticulante. Le soir, un ou plusieurs […] étaient le rendez-vous de toute la jeunesse des environs. On se séparait peu avant la messe de minuit, puis le réveillon rassemblait jeunes et vieux et bien souvent l’aurore de Noël surprenait les attardés fatigués certes, mais si heureux. […] Ah ! le bon vieux temps !

   

Alexandre Deborde 

1894-1957 

 

1. Il est fréquent en Poitou de féminiser le patromyme des femmes. Baudine tenait le café au coin de la rue de l'Église.
2. Françoise Pignoux, dont le café était rue de l'Église