La Vigne


La vigne était cultivée depuis longtemps dans les secteurs de Champmoireau et de Vauron.
D’après un document transmis par Olivier Loth :

« C’est ce tènement de 200 boisselées que maître Claude Sallo, prieur commenditaire de Sainte-Catherine, abonna le 26 décembre 1668 pour le gros de dîmes, à 21 boisseaux de baillarge. Il y en avait une partie plantée en vignes. Aussi l’acte de transaction stipule, que s’il arrive que les vignes soient arrachées, maitre de Salle et ses successeurs seront déchargés dudit devoir, et les feuillants lèveront la dîme ordinaire au douzain sur les fruits y croissant, ainsi qu’il fairaient avant que lesdites vignes furrent plantées.»

 

Depuis 1629, les révérends pères feuillants de Poitiers, cités plus haut, possédaient le prieuré-cure de la Grange, situé à côté de l’église de Coulon, ainsi que la métairie de la Grange.

Il y avait dès le Xe siècle des vignes sur les coteaux de Coulon.

  • En 944 un nommé Abund et sa femme Ermaugar de Coulon donnent par testament aux religieux de Saint-Maixent un arpent de vigne sis à Coulon en Aunis.
  • En décembre 991, Archinbaud donne à l’abbaye de Nouallé, entre autres, une vigne à Coulon vers le Château de Niort.

Novembre 1375 :

Rémission en faveur d’Étienne Dufaye, vigneron de Benet, fermier du fief Sainte-Catherine, qui dans une rixe avait frappé à mort Pierre Bretet.

« Charles V, roy de France. Savoir fairons à touz présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplication d’Estienne Dufaye, povre vigneron, demeurant en la chastellonie et paroisse de Benay en Poitou […] lesquelles terres et fyé. Le dit suppliant et son fères tenoient à ferme du prieur illelle… »     

Extrait des Archives historiques du Poitou – Tome 19 – Guérin

 

Le clos de vigne mentionné par ailleurs, dépendait de la métairie de Champmoireau, propriété du seigneur de Coulon. Le métayer devait fournir plusieurs barriques de vin clairet à la maison-auberge de la Coutume appartenant au seigneur (aujourd’hui Centre socioculturel).

Minute Thibault notaire royal – 1683

 

Le 20 janvier 1706, messire Jean Chenier, curé de Coulon, inscrivait dans le registre des sépultures :

  • Jean Gibaud (le vrai prénom est Jacques), 61 ans, de Chamoiraud, (Jacques était fermier de la métairie de Champmoireau) « qui a estez assommé par Mardi gras, Tristant et autres ». Que s’est-il passé pour provoquer la mort de Gibaud, est-ce une bagarre après boire ? car c’est bien un crime qui fut perprétré par Pierre Mathieu et Nicollas Dexmier, François Tristant et Louis Pelletier, sur la personne de Jacques Gibaud, Laboureur à Champmoirault.

Un contrat daté du 13 Juin 1706, pardevant maître Lafiton, notaire royal à Niort, stipule : « ont été présent, Jeanne Texier, veuve de feu Jacques Gibault, Louis et Alexis Gibault ses enfants laboureurs, demeurant à Champmoirault, paroisse de Coulon, lesquels sur l’avis quy leur a esté donné que le 20 d'avril dernier, ont les avoit employé comme partye civille au procès criminel contre Pierre Mathieu et Nicollas Dexmier, François Tristant et Louis Pelletier ont déclaré que le sieur Charot, procureur fiscal de Benet estant chez eux au moment de la mort dudit Jacques Gibault, il dit qu’il alloit à Magné emporter la nouvelle à Mme. Destissac (dame de Benet) demeurant au château de Magné. Par ce contrat la veuve et ses enfants renoncent à poursuivre.

« et qu’il cèdent, quittent et transportent toutte l’action entière, tant civille que criminelle entant que besoingfeust ou servit à Paul Coussot demeurant en cette ville de Niort présent stipullant et acceptant… »

Faict et passé audit Nyort, estude de Lafiton après midi le 13 de juin 1706… »

 

Le secteur de Vauron était également planté en vignes, comme l’atteste un contrat daté du 6 février 1719.

« Pardevant les notaires royaux à Niort soussignés ont comparus en personnes Jean Robichon, journallier, Alexandre Griffon, Tailleur d’habits, Jacques Griffon Aury tailleur d’habits, Laurens Viault charpentier, Jacques Magnen (?) pescheur demeurant tous en lisle de Magné à la réserve dudit Magnen qui demeure à Coullon,

Et maître Pierre Dupont, notaire en la Chastellenie dudit Magné y demeurant, lesques les nommés ont reconnu et confessé estre propriétaires et posséder une pièce de terre en vigne sise au lieu appelé Vaurond, fief appelé Pâtissier en la paroisse dudit Coullon contenant quatre journaux  ou environ touchant d’un costé vers le levant à la vigne de François Boillaud, d’un bout vers le midy au fief appartenant aux héritiers Louis Fugeras, et d’autre bout vers septemtrion à la vigne de Jacques Riffault, et pour raison de la dite terre dabvenir annuellement en chascune feste de la Saint-Michel la rente foncière perpétuelle solidaire et indivisable de huit livres à Philippe Boursault […] marchand demeurant à Saint-Georges-de-Rex, présent stipullant et  acceptant… »

Fait et passé dudit Niort estude de Lafiton, après midy le 6 de février 1719. »

 

21 juillet 1743
Acquez d’un demy journal de vigne ou environ en vingt rangs situés au fief de Vauron, paroisse de Coullon, par Jacques Magnen, pescheur, demeurant à la Sottrie, paroisse de Coullon, de André Marteau, journallier et Marie Delisle sa femme demeurant audit Maigné.

Basset, notaire royal à Maigné

 

On relève également des vignes dans les fiefs de Baulieu, de l’Ormeau, Le Grand Fief, le Petit Fief, ces deux derniers sur les terres de Sainte-Catherine, le fief de Laleu, le fief de Magné, le fief de Peiglant […] dont « une pièce de vigne de la huitième partye des fruits y croissant pour droit de complant2 à la métairie de Peiglant et la dixme à la cure de Coulon.

6 Juillet 1739 »

 

 

Histoire et liberté

Au début, il y avait les laboureurs à bras, attachés à la glèbe, s’échinant pour une maigre récolte, après le prélèvement par le curé, et le seigneur de la dîme et du droit de complant. Après la révolution, un vent de liberté, jusqu’à l’apparition après 1870 du phylloxéra qui anéantit les vignobles, à partir de 1890, la plantation du porte-greffes américain relance de nouvelles parcelles de vignes.

Louis Breillat, demeurant au Fief Pâtissier de Coulon, écrit dans le bulletin de la Société généalogique et historique de Benet en 2005 : 

 

Les vignes de chez nous (Louis Breillat)

« le Phylloxéra, cette terrible maladie de la vigne, vers 1880 a balayé ce petit vignoble. Ces vignes détruites n’intéressaient plus leurs propriétaires, ils ont vendu leurs petites parcelles […] Après la guerre de 1914-1918, la plupart des cultivateurs de la plaine, comme nous, eurent l’idée de planter une vigne et même les habitants du marais, « lés cabanàes3 », achèteront des petits champs dans la plaine pour planter une vigne. Des gens du bourg qui n’étaient pas cultivateurs firent de même. Les propriétaires de parcelles dans les anciens fiefs de vigne songèrent à planter leur terrain après 40 ans de friche. Ces anciens fiefs se garnirent de nouvelles vignes !

Souvent ces nouveaux vignerons habitaient loin de leur vigne d’où l’idée de construire des cabanes en bois ou en pierres. Ces cabanes servaient à mettre le cheval à l’abri en cas de mauvais temps…»

Aujourd’hui, les vendanges d’antan ne sont plus qu’un souvenir. Elles permettaient de réunir la famille, les voisins, les amis, pour une journée ou la bonne humeur était de mise autour d’un repas champêtre.

À part quelques petites parcelles de vignes, seules les cabanes en pierre subsistent, derniers témoignages de cette vie des champs sur les coteaux de Champmoireau et de Vauron, avant de disparaître si rien n’est fait pour les conserver.

Après la Révolution, Sainte-Catherine-les-Benet devient la métairie de Sainte-Catherine. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lire l'article de Louis Breillat

 Les vignes de chez nous