Notes historiques sur le prieuré de Sainte-Catherine de l'ordre de Saint-Augustin-les-Benet
Jean-Louis Gibaud 


En 1076, une charte mentionne une donation à l’abbaye de Nieul-sur-L’autize 

« Au nom de l’heureuse et indivisible Trinité, moi Geoffroi par la grâce de Dieu, duc d’Aquitaine, je veux qu’il soit manifesté à tous les fils de notre Sainte Mère l’Église, que les choses données par Airald Gassedemer pour le repos de son âme et le repos des autres fidèles de l’église Saint-Vincent qui fût fondée par lui, savoir tout ce qu’il possédait à Benet, dans le bourg et hors du bourg, tout ce que les chanoines ont laissé à la susdite église pour la gloire de sa vie éternelle ; que toutes les choses que présentement je donne moi-même […] Si quelqu’un poussé par le démon, par l’avarice, par l’orgueil veut troubles les donations faites à l’Abbaye ou celles qui seront faites, qu’il n’ait pas de pardon, qu’il soit frappé d’anathème »

Extrait : Histoire de l’abbaye de Nieul par Charles Arnaud

 

Olivier Loth, curé de Coulon, dans le bulletin paroissial de mai 1928 écrivait :

« L’abbaye fut dotée d’une grande étendue de terre sur la paroisse de Coulon : Sainte-Catherine qui contenait plus de 380 journaux1 et Sainte-Maigrine qui n’en avait pas moins de 200. »

D’après Louis Brochet, dans Benet, son histoire, son passé :

« À Sainte-Catherine on a trouvé un escalier souterrain, une table octogonale en pierre, une aire bétonnée en ciment, etc.  Il existe encore une grange appelée « la Chapelle » de 12 mètres sur 6. Sur une des portes qui est du XVe siècle se trouve un écusson malheureusement mutilé ; un autre figure sur une porte de la maison d’habitation.

Selon la légende, ce serait dans cette chapelle que Raynald, abbé de Maillezais, se dirigeant vers Benet, s’y arrêta, fuyant Geoffroy II de Lusignan (vivant en 1242) dit  « la Grand’Dent », seigneur de Vouvant.

Le terrible la Grand’Dent avait pillé et assiégé l’abbaye de Maillezais.

Le 26 décembre 1668 est cité messire Claude de Sallo, prieur commendataire de Sainte-Catherine. Le prieuré de Sainte-Catherine-les-Benet dépendait de L’abbaye royale Saint-Vincent de Nieuil-sur-l’Autize de l’ordre de Saint-Augustin.

 

L’an 1715 verra l’union de l’abbaye au chapitre de la Rochelle.

À l’origine, plusieurs prieurés situés sur la paroisse de Coulon dépendaient de l’abbaye. Charles Arnaud, cité à la fin du XVIIe siècle percevait les bénéfices et dignités.

On relève pour la paroisse de Coulon :

  • le prieuré-cure de la Sainte-Trinité, réuni aux feuillants de Poitiers ;
  • le prieuré Notre-Dame-de-Nouzières, réuni depuis à l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély ;
  • le prieuré de Sainte-Macrine — appelé de Sainte-Maigrine. Un extrait d’un acte de François Mesnard, notaire à Fontenay mentionne :

« 24 mars 1598 – Honorable homme messire Pierre Bouhet, au nom de messire Jehan Constant, abbé commanditaire de l’abbaye Nieul-sur-l’Autise, a affermé pour 5 ans à Sieur Louis Fabvreau dit "Corron", marchant demeurant à Sainte-Mesgrine de Coulon (?) la maison abbatiale dudit Sainte-Mesgrine répondant de ladite abbaye de Nieuil (Archives nationales)

En cette fin de XVIIe siècle, il y avait longtemps qu’il n’y avait plus de frères dans les prieurés. Un prieur était nommé mais n’y résidait pas. Les messes étaient dites dans l’église de Coulon, sauf pour le prieuré de Sainte-Maigrine, car l’abbé Loth mentionne une quittance datée du 23 octobre 1726, reçu de Jacques Ravard, fermier dudit prieuré par Louis Chénier, curé de Coulon (mars 1927).

C’est ainsi que le 7 novembre 1707, frère Gilles Louet est nommé prieur de Sainte-Catherine. Il donne procuration à messire Estienne Bourolleau, prestre chanoine de Magné, pour le représenter lors de la prise de possession du prieuré :

« Pardevant nous Barnabé Jean, sieur Descourières, notaire royal et apostolique au diocèze de Bayeux, immatriculé au baillage et siège de Caen y résidant […] fut présent en sa personne frère Gilles Louet, clerc chanoine régulier, professe de l’ordre de Saint-Augustin de la congrégation de France estant  en cette ville lequel volontairement a fait et constitué ses procureurs généraux et spéciaux messire Estienne Bourolleau, prestre chaignoine de Sainte-Catherine de Maigné y demeurant, dyossaize de Saintes auxquels et à chacun desquels en l’absence de l’autre, ledit sieur constituant, a donné pouvoir et jouissance de pour luy et en son nom obtenir de monseigneur l’illustrissime et révérendissime évesque de Saintes ou de messieurs les grands vicaires le vira nécessaire sur les provisions qui sont expédier au nom et au profit dudit sieur constituant par grâce et concession de Sa Sainteté du bénéfice simple de Sainte-Catherine-les-Benet situé dans la paroisse de Coulon […] de recevoir les fruicts et revenus dudit bénéfice en bonne quittance et faire beaux et fermes…

Fait et passé en notre étude ordinaire le jeudy troisième jour de novembre mil sept cent sept. »

 

Le 4 janvier 1708, prise de possession de la chapelle de Sainte-Catherine près de Benet à frère Gilles Louet clerc chanoine de Saint-Augustin :

« Aujourd’huy quatrième jour de l’année mil sept cent huit apres  midi en la présence cocompaignée de notaire royal apartholique de la ville et ressort de Saint-Jean-Dangély du diossaize de Saintes cotermoings Bas nommez messire Etienne Bourolleau prestre chanoisne de lesglize de Sainte-Catherine de Maigné diossaize dudit Saintes demeurant audit Maigné au nom comme fondé de procuration générale cospésciale de frère Gilles Louet clerc chanoisne régulier professe de l’ordre de Saint-Augustin de la congrégation de France passée pardevant messire Barnabé Jean, notaire royal et apostolique au diossaize de Bayeux […] C’est transporté dans la Chapelle de Sainte-Catherine près de Benet en la paroisse de Coullon déservie dans lesglize dudit Coullon […] Il y a pris possession de laditte chapelle de Sainte-Catherine déservie en laditte eglize de Coullon… »

Les états des lieux établis durant le XIXe siècle font état d’une chapelle désaffectée, réservée à l’usage des fermiers.

Le 12 décembre 1761, ferme par messire François Barré, prieur de Sainte-Catherine-les-Benet, des métairies de Sainte-Catherine et du prieuré à Pierre Bouhier et Marie Ravard sa femme.

« par devant les nottaires de la chastellenie de Benet, soussignés, ont comparus en leurs personnes

  • Messire François Barré, clerc tonsuré du diocièse de Poitiers, prieur du prieuré simple de Sainte-Catherine, diocesse de Saintes, paroisse de Coullon de nomination royale et de la chapelle de l’Homme Thébault paroisse de Prahecq diosésse de Poitiers demeurant en la ville de Niort, paroisse de Saint-André d’une part
  • Pierre Bouhier, laboureur et Marie-Ravard son épouse […] demeurant en la métairie de Sainte-Catherine […] auxquels ledit François Barré de présent en ce bourg de Benet, a par ces présentes baillé, loué et ce affermé audit Bouhier […] pour le temps et espace de cinq années […] savoir est le revenu temporel dudit prieuré […] consistant en maisons, granges, étables, écuries […] de payer 12 boisseaux de baillarge pour abonnement de dexime du au prieuré de la Grange de Coulon, sur les fiefs de vigne dépendant dudit prieuré et 26 livres au sieur curé de Coullon pour le service dudit prieuré, se réserve ledit sieur bailleur les cens, rentes et autres devoirs seigneuriaux : lors et ventes et les rentes secondes et foncières qui suivent estre dues audit prieuré […] pour ce qui est du petit fief à l’égard de ceux du grand fief, les preneurs y ont moitié seulement seront en outre tenus les preneurs de payer par chacun an au […] du à l’abbaye de Nieuil consistant en soicante quatre boisseaux froment ; soicante quatre boisseaux baillarge ; et cent vingt-huit boisseaux avoine, desquels devoirs rentes abonnement de dixme […] la présente ferme pour et moyenant par chacune des dittes cinq années le nombre et quantité de cent vingt boisseaux froment et cent quatre-vingt boisseaux baillarge […] rendable et portable au domicile dudit sieur bailleur ou à celluy dudit messire Louis Barré-Chaban son frère en laditte ville de Niort, au temps de la moisson, et aussy pour moyenant la somme de deux cent quarante livres en argent payable au jour et feste de Saint-Michel…au même domicile que dessus, et pour menus suffrages payeront au jour et feite de Saint-Michel […] six chapons, six framages et un boisseau de mil […] quant à ce fait es payé audit Benet et études de nous dits nottaires, après midy, le 12 décembre 1761, lu aux parties qui ont déclarés ne savoir signer. »
    Basset, notaire royal à Benet         l’abbé Barré        Bousseau, notaire royal à Benet

 

Visite du 6 Juillet 1776 (autrement dit un état des lieux)

« Nous dits experts avons aussy observer que dans ladittes Chapelle, il n’y appoint d’Ostel ny tableau représentant la patrolle, ny ornement, ny calice, ny linge, ny chandellier, ny livres, ny canettes, ny crusify, il y a même aucune apparence de cloche, il y a point aussy de clocher et ce depuis un temps immémorial et qui fait que le service de laditte chapelle a esté transféré dans l’église paroissiale de Coullon, ce fait nous sommes entrés dans le chaix… »

 

Visite du 22 mars 1782 (état des lieux)

« Auprès dudit cellier est le bâtiment que l’on dit avoir été la chapelle du prieuré, nous n’avons rien remarqué qui l’indique ny aucune marque d’autel, de vitrage, de croix, ny clocher, ny cloche ; c’est aujourdhuy un grenier bas touchant à l’aire ou on bat le bled, que nous jugeant très commode pour le fermier… »

 

Le 4 octobre 1781, ferme du Prieuré

« Aujourd’huy 4 octobre 1781, deux heures après-midi, pardevant nous notaires royaux à Niort soussignés,

En l’étude de Bernier, l’un d'yceux, a comparu messire Joseph Henry Decombettes de la Fajole, seigneur Baron de Soubespoujols, Saint-Félix et coseigneur de la ville de Lodêves, demeurant en la ville et paroisse de Millau-en-Rouerge, de présent en cette ville de Niort, logé à l’Auberge des trois Pigeons, agissant au nom et comme fondé de la procuration généralle et spéciale, pour le fait dont il s’agist de messire Germain Naanas la Cassagne de Combettes, vicaire général du diocese de Vabres, prieur commendataire de Sainte-Catherine-les-Benets dans le diocèse de Saintes, demeurant en la ville de Millaud laquelle procuration es en datte, du 7 septembre dernier, reçu par maitre Thibault notaire royal de laditte ville de Millau […] a dit qu’ayant intérest d’affermer le revenu temporel dudit prieuré de Sainte-Catherine-les-Benet aux mieux possible, il auroit fait annoncer au plubie dimanche dernier, par affiches tant en cette ville, qu’aux portes des églises paroissiales dudit Coulon, et Benet, et encore ce jourdhuy en cette dite ville et fauxbourgs d’icelle, par le trompette ordinaire de cette ditte ville, que la dite ferme seroit donnée ce dit jour, lieu et heure présente, au plus offrant et dernier enchérisseur […] et le sieur Jacques Pierre Charrier fermier générale de la Bodinalière en la paroisse de Saint-Hilaire-Devoux, y demeurant s’étant trouvé le dernier enchérisseur, le dit seigneur Baron de Combettes luy a par ces présentes fait bail à ferme dudit prieuré de Sainte-Catherine-les-Benet pour 9 années […] qui ont commencé à la fête de Saint-Michel dernière […] Savoir est le revenu temporel dudit prieuré […] de payer, acquiter les cens, rentes et autres devoirs seigneuriaux […] de payer également douze boisseaux de baillage pour abonnement de dixme au prieuré de la grange de Coulon, sur les fiefs de vignes en dépendant, plus le gros dus à l’abbaye de Neuil consistant en 64 boisseaux de froment, 64 de baillarge, et 128 d’avoine, les cens et rentes dus à la seigneuri de la chevallerie et au grand hôtel de Pairé-en-Benet, plus 26 livres à monsieur le curé de Coulon pour le service dudit prieuré […] le preneur donnera aussi par chaque année, 10 boisseaux de méture […] et le remettra en mains de monsieur le Curé dudit Coulon que le sieur prie de voulloir biens distribuer aux pauvres les plus nécessiteux de la ditte paroisse et dont il sera tenu compte  de 5 boisseaux par chaque année, à raison de 40 sous le boisseau, sur le prix de ferme cy après réglés […] Il entretiendra les forrès faits autour du pré des Egaux […] La présent ferme est faite pour et moyennant la somme de 1100 livres par chaque année […] En quelque lieux quil la transporte, franche de port en deux termes égaux de 800 livres chacun aux fêtes de Saint-Jean-en-May et Saint-Michel de chaque année […] s’oblige aussi ledit preneur d’envoyer annuellement audit sieur bailleur en sa ditte demeure deux boistes l’une d’angélique du poids de dix livres et l’autre de confitures séches, d’égal poids le tout sans y comprendre les boistes, gratuitement, et francs de port chaque année, et feste de Noël pendant le cours de ce dit bail, dont ledit preneur fera les frais […] auquel il a présentement payé comptant le somme de 600 livres en considération des présentes et pour pot de vin d’icelle, ainsi que ledit seigneur bailleur le reconnoist véritable et l’enquitte…

Fait et passé audit Niort étude du dit Bernier »
Lafiton notaire -  Bernier notaire

               

Le 15 octobre 1790

« […] 9 heures du matin, pardevant nous Jean Anne Brisset, greffier en chef des experts de la ville ressort et élection de Niort y demeurant […] Estant au prieuré de Sainte-Catherine, paroisse de Coulon ou nous sommes transporté à la réquisition verballe à nous faicte par ledit sieur Alexis Pastureau, fermier dudit prieuré, aux fins de faire constater les réparations à faire audit prieuré tant locataire que celles quy peuvent regarder les propriétaires et pour y parvenir, ledit sieur Pastureau a fait prévenir ledit sieur Charier cy devant fermier dudit prieuré, que le sieur Grellet, maire de Coulon ou tout autres officiers municipaux de la paroisse de Coulon pour y estre et arriver à la ditte opération, et à ledit sieur Pastureau, nommé pour son expert aux fins de la personne de Pierre Bonneau, maître charpentier, demeurant au bourg et paroisse de Benet […] et est soussigné : 

Pastureau

« A comparu le sieur Jacques-Pierre Charrier cy-devant, fermier dudit prieuré lequel a dit n’avoir aucun moyen […] la visite requise par ledit sieur Pastureau en ce quy le concerne […] il a nommé pour son expert la personne de Jean Desmier, masson, demeurant au bourg et paroisse de Benet et a signé.

Charrier

« […] est comparu Jacques Faribaux, officier municipal de la paroisse de Coulon, lequel a dit qu’en conséquence de la réquisition faicte par le sieur Pastureau et a signé

Faribaud

 

Cette visite donne un état des bâtiments qui fut l'ancienne chapelle, transformée en grange.

« […] de fait nous sommes allés dans un grenier à rez-de-chaussée », cy-devant appellé la chapelle, la fermeture de la porte est bonne, garnie de ses gonds […] ce fait sommes passés dans un appartement à costé de la chapelle appelé la sacristie, la fermeture de la porte peut servir garnie de ces gonds […] , la charpente en aussi bon état... »

Lors de cette visite de 1790, on a convoqué un membre de la première municipalité de Coulon pour assister les experts. Le citoyen Jacques Faribaud représente le citoyen Pierre Grelet, premier maire de Coulon.

 

À la fin du contrat du 15 octobre 1790, est nommé :

« Gelot Guy fait les terres appelées « les Cathelinettes », sont dans les dépendances dudit prieuré… »

 

En 1790, qu’était-ce que ces terres appellées « Cathelinettes » ?

Olivier Loth, curé de Coulon, écrivait dans le bulletin paroissial de décembre 1926 : « ce tenement de 2 000 boisselées ou environ, appelé Chaulnet de Sainte-Catherine est dans le terrain de Champmérault tenant d’un costé qui regarde la ville de Niort et au soleil levant aux terres de […] , et de l’autre costé au soleil couochant aux terres de Peillon (Peiglant) et au clos de vigne du sieur des Razes, (messire de Belleville était seigneur de Coulon et des Razes), et aux terres de la seigneurie de la chevallerie en Benet, et des deux bouts aux grands chemins qui vont de Benet à Niort, l’un des dietz chemins estant au midy du costé de Coulon, et l’autre au septentrion du costé de Saint-Rémy… »

« Ces 200 boisselées de terre de Champmoreau, qui apparaissent au prieuré de Sainte-Catherine sont connues par les anciens encore aujourd’hui, (en 1926) sous le nom de « Sainte-Catheline » ou des « Cathelinettes », en souvenir de l’ancien prieuré de Sainte-Catherine. »

« il y a, écrivait messire Louis Chenier, curé de Coulon (1725-1765) dans l’église trois décertes de chapelles, de Sainte-Maigrine, de Nozière et de Sainte-Catherine, d’une messe par semène, chacune, chaque rétribution est de 26 livres à la Saint-Michel, cy devant Nozière nestois que de 20 livres et les deux autres chacune 24 livres, le nouveau règlement de Monseigneur cause l’augmentation. »

 

Le prieuré de Sainte-Catherine-les-Benet  et dépendances, il fut vendu le 24 janvier 1791. L'acquéreur en fut Poudret-Sevret demeurant à Niort pour 41 136 livres.

 

La Vigne


 

La vigne était cultivée depuis longtemps dans les secteurs de Champmoireau et de Vauron.
D’après un document transmis par Olivier Loth :

«C’est ce tenement de 200 boisselées que maître Claude Sallo, prieur commenditaire de Sainte-Catherine, abonna le 26 décembre 1668 pour le gros de dîmes, à 21 boisseaux de baillarge. Il y en avait une partie plantée en vignes. Aussi l’acte de transaction stipule, que s’il arrive que les vignes soient arrachées, maitre de Salle et ses successeurs seront déchargés dudit devoir, et les feuillants lèveront la dîme ordinaire au douzain sur les fruits y croissant, ainsi qu’il fairaient avant que lesdites vignes furrent plantées. »

 

Depuis 1629, les révérends pères feuillants de Poitiers, cités plus haut, possédaient le prieuré-cure de la Grange, situé à côté de l’église de Coulon, ainsi que la métairie de la Grange.

Il y avait dès le Xe siècle des vignes sur les côteaux de Coulon.

  • En 944 un nommé Abund et sa femme Ermaugar de Coulon donnent par testament aux religieux de Saint-Maixent un arpent de vigne sis à Coulon en Aunis.
  • En décembre 991, Archinbaud donne à l’abbaye de Nouallé, entre autres, une vigne à Coulon vers le Château de Niort

Novembre 1375 :

Rémission en faveur d’Étienne Dufaye, vigneron de Benet, fermier du fief Sainte-Catherine, qui dans une rixe avait frappé à mort Pierre Bretet.

« Charles V, roy de France. Savoir fairons à touz présens et avenir, nous avoir receu l’umble supplication d’Estienne Dufaye, povre vigneron, demeurant en la chastellonie et paroisse de Benay en Poitou […] lesquelles terres et fyé. Le dit suppliant et son fères tenoient à ferme du prieur illelle… »     

Extrait des Archives historiques du Poitou – Tome 19 – Guérin

 

Le clos de vigne mentionné par ailleurs, dépendait de la métairie de Champmoireau, propriété du seigneur de Coulon. Le métayer devait fournir plusieurs barriques de vin clairet à la maison « Auberge de la Coutume » appartenant au seigneur (aujourd’hui Centre socioculturel)

Minute Thibault notaire royal – 1683

 

Le 20 janvier 1706, messire Jean Chenier, curé de Coulon, inscrivait dans le registre des sépultures :

  • Jean Gibaud (le vrai prénom est Jacques), 61 ans, de Chamoiraud, (Jacques était fermier de la métairie de Champmoireau) « qui a estez assommé par Mardi gras, Tristant et autres ». Que s’est-il passé pour provoquer la mort de Gibaud, est-ce une bagarre après boire ? car c’est bien un crime qui fut perprétré par Pierre Mathieu et Nicollas Dexmier, François Tristant et Louis Pelletier, sur la personne de Jacques Gibaud, Laboureur à Champmoirault.

Un contrat daté du 13 Juin 1706, pardevant maître Lafiton, notaire royal à Niort, stipule : « ont été présent, Jeanne Texier, veuve de feu Jacques Gibault, Louis et Alexis Gibault ses enfants laboureurs, demeurant à Champmoirault, paroisse de Coulon, lesquels sur l’avis quy leur a esté donné que le 20 d'avril dernier, ont les avoit employé comme partye civille au procès criminel contre Pierre Mathieu et Nicollas Dexmier, François Tristant et Louis Pelletier ont déclaré que le sieur Charot, procureur fiscal de Benet estant chez eux au moment de la mort dudit Jacques Gibault, il dit qu’il alloit à Magné emporter la nouvelle à Mme. Destissac (dame de Benet) demeurant au château de Magné. Par ce contrat la veuve et ses enfants renoncent à poursuivre.

« et qu’il cèdent, quittent et transportent toutte l’action entière, tant civille que criminelle entant que besoingfeust ou servit à Paul Coussot demeurant en cette ville de Niort présent stipullant et acceptant… »

Faict et passé audit Nyort, estude de Lafiton après midi le 13 de juin 1706… »

 

Le secteur de Vauron était également planté en vignes, comme l’atteste un contrat daté du 6 février 1719.

« Pardevant les notaires royaux à Niort soussignés ont comparus en personnes Jean Robichon, journallier, Alexandre Griffon, Tailleur d’habits, Jacques Griffon Aury tailleur d’habits, Laurens Viault charpentier, Jacques Magnen (?) pescheur demeurant tous en lisle de Magné à la réserve dudit Magnen qui demeure à Coullon,

Et maître Pierre Dupont, notaire en la Chastellenie dudit Magné y demeurant, lesques les nommés ont reconnu et confessé estre propriétaires et posséder une pièce de terre en vigne sise au lieu appelé Vaurond, fief appelé Pâtissier en la paroisse dudit Coullon contenant quatre journaux  ou environ touchant d’un costé vers le levant à la vigne de François Boillaud, d’un bout vers le midy au fief appartenant aux héritiers Louis Fugeras, et d’autre bout vers septemtrion à la vigne de Jacques Riffault, et pour raison de la dite terre dabvenir annuellement en chascune feste de la Saint-Michel la rente foncière perpétuelle solidaire et indivisable de huit livres à Philippe Boursault […] marchand demeurant à Saint-Georges-de-Rex, présent stipullant et  acceptant… »

Fait et passé dudit Niort estude de Lafiton, après midy le 6 de février 1719. »

 

21 juillet 1743
Acquez d’un demy journal de vigne ou environ en vingt rangs situés au fief de Vauron, paroisse de Coullon, par Jacques Magnen, pescheur, demeurant à la Sottrie, paroisse de Coullon, de André Marteau, journallier et Marie Delisle sa femme demeurant audit Maigné.

Basset, notaire royal à Maigné

 

On relève également des vignes dans les fiefs de Baulieu, de l’Ormeau, Le Grand Fief, le Petit Fief, ces deux derniers sur les terres de Sainte-Catherine, le fief de Laleu, le fief de Magné, le fief de Peiglant […] dont « une pièce de vigne de la huitième partye des fruits y croissant pour droit de complant2 à la métairie de Peiglant et la dixme à la cure de Coulon.

6 Juillet 1739 »

 

 

Histoire et liberté

Au début, il y avait les laboureurs à bras, attachés à la glèbe, s’échinant pour une maigre récolte, après le prélèvement par le curé, et le seigneur de la dîme et du droit de complant. Après la révolution, un vent de liberté, jusqu’à l’apparition après 1870 du phylloxéra qui anéantit les vignobles, à partir de 1890, la plantation du porte-greffes américain relance de nouvelles parcelles de vignes.

Louis Breillat, demeurant au Fief Pâtissier de Coulon, écrit dans le bulletin de la Société généalogique et historique de Benet en 2005 : 

 

Les vignes de chez nous (Louis Breillat)

« le Phylloxéra, cette terrible maladie de la vigne, vers 1880 a balayé ce petit vignoble. Ces vignes détruites n’intéressaient plus leurs propriétaires, ils ont vendu leurs petites parcelles […] Après la guerre de 1914-1918, la plupart des cultivateurs de la plaine, comme nous, eurent l’idée de planter une vigne et même les habitants du marais, « lés cabanàes3 », achèteront des petits champs dans la plaine pour planter une vigne. Des gens du bourg qui n’étaient pas cultivateurs firent de même. Les propriétaires de parcelles dans les anciens fiefs de vigne songèrent à planter leur terrain après 40 ans de friche. Ces anciens fiefs se garnirent de nouvelles vignes !

Souvent ces nouveaux vignerons habitaient loin de leur vigne d’où l’idée de construire des cabanes en bois ou en pierres. Ces cabanes servaient à mettre le cheval à l’abri en cas de mauvais temps… »

Aujourd’hui, les vendanges d’antan ne sont plus qu’un souvenir. Elles permettaient de réunir la famille, les voisins, les amis, pour une journée ou la bonne humeur était de mise autour d’un repas champêtre.

À part quelques petites parcelles de vignes, seules les cabanes en pierre subsistent, derniers témoignages de cette vie des champs sur les côteaux de Champmoireau et de Vauron, avant de disparaître si rien n’est fait pour les conserver.

Après la Révolution, Sainte-Catherine-les-Benet devient la métairie de Sainte-Catherine. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

1. journal vaut 30 ares environ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

  

Les vignes - Touvaireau
Les vignes - Touvaireau

 

Cabane de vigne - Touvaireau
Cabane de vigne - Touvaireau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2. Bail à complant : contrat par lequel un propriétaire cède une terre à un tenancier sous l’obligation de la planter en vigne dont chacun aura la moitié.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

3. Un cabanàe (prononcé chez nous cabané) est le fermier d'une « cabane », ferme isolée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Sources

Charles Arnaud, Histoire de l’abbaye de Nieul-sur-l’Autize - 1862

Olivier Loth, curé de Coulon – bulletin paroissial, Histoire de Coulon 1923-1930

Louis Brochet, Benet et son histoire – 1900
Association de généalogique et historique de Benet et sa région

- Bulletin de 2005 – texte de Louis Breillat : « les vignes chez nous »

Archives nationales : extrait des minutes des notaires de Fontenay-le-Comte
Médiathèque de Niort - Archives du Poitou – Tome 4
Archives départementales des Deux-Sèvres - 5 B SPT 23  

- Minutes : Lafiton, Bousseau, Briard, Thibault.