1692 - 1940 - Histoire de la place de l'Église                       Voir  aussi patrimoine bâti : l'église de Coulon


En janvier 1692, Messire Jean Chenier fut nommé curé de Coulon. Le 29 juillet suivant, en conflit avec les feuillants prieurs de Coulon, il déclare devant Maitre Savetier notaire à Saintes : 

« Premièrement le dit sieur Chenier qu’il est nouvellement pourveu de la ditte cure, qu’il y poinct de maison presbytéralle […] que pour tout d’homayne qui soit de la congnoissance du dit sieur Chenier ainsy qu’il luy a esté certifié, qu’il n’y a qu’n petit jardrin ranfermé de muraille de petite estendue joignant d’un costé au chemin comme l’on va de l’église à la Coutume dudidt Coulon, d’autre costé au chemin comme l’on vient de Niort à laditte coutume. »

Ce jardin était situé (Plan N°1)  à l’ouest de l’église (Plan N°1). Étant obligé de louer son logement, le 23 novembre 1697, Messire Jean Chenier achète aux héritiers de Messire Jean Blancheteau, curé de Coulon, son prédécesseur, décédé en 1692, une maison nommée la Trigalle : Messire Jean Blancheteau, l’ayant lui-même achetée vers 1665 pour lui servir de presbytère, lequel était situé à l’entrée de la place de l’Église, entre celui-ci et la rue du Couhé, la maison noble Laleu.

Au nord de l’église, le prieuré avec, enclavé dans le jardin de la cure, le colombier et une petite maison qui furent bâtis en 1748 par Messire Louis Chenier, curé d’alors, la maison sur l’emplacement de la maison du prieur, incendiée avec le prieuré de l’église au XVIe par les protestants. Le Prieuré, fondé vers 830 comme l’église, par les moines bénédictins de Charroux, fut placé sous le vocable de Saint-Sauveur. Vers la fin du XIIe siècle il sera réuni à l’abbaye de Nieul-sur-l’Autize qui était de l’ordre de saint Augustin, et reçut le vocable de Sainte-Trinité, puis rattaché en 1619 au monastère Saint-Bernard de Poitiers, de la congrégation des feuillants de Cyteaux.

Prieuré-cure jusqu’à la nomination, en 1636, après un long procès, par l’évêque de Saintes, du prêtre séculier Messire René Blancheteau.

Dans une déclaration reçue par Bernier et Lafiton, notaires royaux à Niort, le 1er juillet 1775, rendue par Étienne Claveau, curé de Coulon, à Gabriel Jean Simon Berthelin de Montbrun, seigneur de Coulon, avoue tenir dans la mouvance dudit Coulon :

 « Une maison nommée la Trigalle à présent maison presbytérale, située au bourg de Coulon, composée plus la maison du prieuré avec la cour, jardin, aire, écurie, colombier et ballet, situés au dit bourg de Coulon, clos de murs, tenant d’un côté au midi à l’église du dit Coulon, le chemin public de l’église entre deux, de l’autre côté du nord, aux loges d’Antoine Chollet, Jean et Bernard Gibeau d’un bout du levant à la maison du sieur Grelet et à celle d’Antoine Chollet et de l’autre bout au couchant au chemin allant du grand cimetière à la coutume à la main gauche. »

Jadis, un petit cours d’eau prenant naissance dans l’ancienne Sèvre (vers le n° 17 rue de la Douve) partait derrière les dépendances du coin du four, arrivait au carrefour appelé le Pontreau (derrière le prieuré) en faisant une courbe, et rejoignait la Sèvre par le passage qui est devenu la rue de Couhé. Ce bras s’appelait la Dyve, et plus tard la Doue, ou la Douve du Logis lorsque, de moindre importance il s’arrêta au Pontreau. Au sud de l’église, le petit cimetière séparé du chemin par une clôture (probablement avant le XVe) entourait une partie de celle-ci. Depuis le début du XVIIIe les inhumations ne se faisaient que dans le grand cimetière.

Derrière l’église, un mur qui était le prolongement de la clôture du cimetière séparait celle-ci de la place publique, laquelle, limitée à l’est par une maison nommée la Pigeonnerie (n° 44 de la place) à gauche de l’entrée du chemin du Four qui longeait jusqu’à la ruelle de la Gastinerie le fief du Marais, avec le logis seigneurial, à droite les maisons construites sur le lieudit Château Gaillard et attenant à la place de la Pêchoire.

Survint la Révolution. La cure et le jardin ne furent pas mis en vente, comme biens nationaux (on gardait la cure pour loger le curé constitutionnel) ; par contre l’ancien prieuré, le colombier et la petite maison seront adjugés, le 18 février 1791 au sieur Pierre Richard, marchand à Coulon, pour la somme de 4 400 livres, le tout d’une contenance de trois cents toises carrées. Avant de quitter Coulon, Garnier, curé de Coulon, lui remis la clé ainsi qu’une quittance.

 « j’ai reçu du sieur Richard marchand à Coulon : 1) dix huit livres pour soixante pavés    2) quatre livres pour l’échelle,     vingt trois livres pour garobe et enfin douze livres pour les pigeons qui étaient dans le colombier, lorsque je lui ai livré la clef à la vue de son acte d’acquisition pour lui faite du district de Niort. »

À Coulon

Le trois mai mil sept cent quatre vingt onze

Signé Garnier, curé de Coulon

 

Le 25 prairial an 13 (14 juin 1805), l’ancien prieuré est acheté par le sieur Louis Vallet aux héritiers Richard par devant Jacques Pierre Pougnet, notaire public à Niort, moyennant la somme de sept mille cinq cent francs.

Le 8 avril 1817, le maire de Coulon, Jean Soullice, demande à M. le préfet des Deux-Sèvres l’autorisation de poursuivre Louis Vallet car il jouit, selon le maire de Coulon, de la fuie au su et à la vue de tous. Celle-ci n’aurait pas été comprise dans l’acte de vente, ce qui était faux. Déboutée par arrêté du conseil de Préfecture du 31 octobre 1817, la commune est condamnée à payer les frais réglés à ce jour soit : 61,30 F.

En 1844, démolition du mur de la place derrière l’église et vente par adjudication des pierres et moellons le 27 décembre de la même année. Vente de trois pieds d’ormes, les deux plus proches du cadran de l’horloge et celui-ci vis-à-vis la rue de l’église, adjugé au sieur Albert, voiturier pour la somme de 19 F. 

Les foires de Coulon étant de plus en plus importantes, la municipalité voulait agrandir le champ de foire en s’appropriant le jardin de la cure. Sur ce, en 1843, le conseil municipal décide la construction d’une maison d’école au lieudit le bois d’Amourette (situé entre le cimetière et la rue Gabriel-Auchier) (plan N° 3).

Le 8 novembre 1846, Pierre-Étienne Fourgeaud, curé de Coulon demande au conseil municipal de revenir sur sa décision et de faire construire à la place un presbytère neuf. En échange, il offrait le vieux presbytère et le jardin devant l’église. Le conseil accepte l’offre.

Le 7 juin 1847, le conseil accepte la proposition, mais le conseil de fabrique désirant se réserver les matériaux de clôture et la propriété des arbres fruitiers, le conseil n’accepte pas cette clause, l’affaire est reportée.

En 1850, le conseil municipal propose la construction d’un presbytère neuf en y aménageant un jardin, ce qui fut accepté. Les travaux commencèrent en mars 1851. Cure jusqu’en 1912, cet immeuble après la poste abrite aujourd’hui l’office du tourisme (et maintenant le Parc interrégionale du Marais poitevin).

En possession du jardin, la municipalité fit raser les murs avec la clôture et l’ancien cimetière. Cinq pieds d’arbres situés devant la porte de l’église seront adjugés au sieur Rainier pour la somme de 45 F.

Dans ce jardin il y avait un puits sur lequel on construira vers 1854 la fontaine qui remplacera l’ancien puits communal situé à l’intersection de la place et de la rue du Petit-Logis. (Plan N°2)

Entre temps l’ancien prieuré était devenu la propriété de François Faribaud, maire de Coulon de 1830 à 1848, lequel avait fait dresser un plan d’alignement. Or ce plan n’avait jamais été transmis à l’approbation de l’autorité supérieure lorsqu’en 1852 Louis-Hercule Grelet, maire de Coulon, voulut réunir à la place publique les portions de terrains frappées d’alignement, François Faribaud ne fut pas d’accord. De plus, il désirait agrandir une ouverture sur la façade du colombier, ce qui fut refusé par Louis-Hercule Grelet.

Le 8 juillet 1852, dans son rapport à Monsieur le préfet des Deux-Sèvres, Monsieur Biget, agent voyer, dit ceci :

« Le maire de Coulon, pour motiver son refus, si ce n’est sur des points expliqués d’une manière précise, le premier que la maison (lettre A voir Plan) et le Colombier (voir lettre B) masquant l’église, le second que ces deux objets sont en reculement, d’après le plan d’alignement, habités tout dernièrement, et encore peut-être, par des gens qui ne tenaient aucun compte de la sainteté du lieu qu’ils avoisinaient et qui déposaient le long de ses murs des immondices de toutes sortes. »

À cette époque, celle-ci était connue sous le nom de Maison de la Pitre. Les deux bâtiments incriminés ne furent pas démolis.

En 1873, le conseil municipal décide d’acheter un immeuble pour regrouper l’école des garçons et des filles. Les locaux du Bois d’Amourette, comprenant aussi la mairie, devenant trop petits.

Le 21 aout 1874, pardevant Maitre Bouthet des Gennetières, notaire à Coulon, la commune achète pour la somme de vingt-cinq mille francs à Édouard Lansier, propriétaire, ancien conservateur des Hypothèques et Madeleine Faribaud, demeurant à Niort, une vaste maison et ses dépendances, une fuie et la Maison de la Pitre, le tout d’une contenance de 16 ares. Lors de l’aménagement de l’école et de la mairie, le colombier et la maison de la Pitre seront démolis.

En 1891, pose d’une bascule publique, entre l’extrémité de la place et la fontaine ; bascule qui sera supprimée voici une vingtaine d’années.

En 1927, mise au jour de sépultures carolingiennes devant le mur de façade de l’église, près du clocher. Ces deux cercueils étaient formés de plusieurs morceaux de pierres plates juxtaposées et contenaient chacun un squelette. Par la suite, lors de travaux, il y a eu de nombreuses découvertes, notamment, le 9 juin 1969, en aménageant le parking devant l’office du tourisme, des sarcophages en pierres seront déterrés. Ils avaient la forme trapézoïdale typique dite en auge (Nouvelle République du 10 juin 1969).

En octobre 1935, la rentrée des classes se fera dans le nouveau groupe scolaire construit par la Municipalité. Elle sera conduite par Gabriel Auchier, notaire, et maire de Coulon de 1922 à 1942.

Les anciens bâtiments de la place de l’église furent démolis, la rue du Colombier mise en alignement et un jardin public aménagé.

Au centre du village, la place de l’Église fut le théâtre vers 1900 de la projection par la famille Droit du premier cinéma muet. Pour les foires et marchés du deuxième mercredi de chaque mois (sauf celle de décembre qui avait lieu la veille de Noël), les sept auberges et cafés de la place refusaient du monde. Et que dire des balades, des cavalcades des petits cirques, de la bujhàie que les femmes étendaient devant l’église, de l’arrivée des premiers touristes au début de 1920, de M. Pinaudeau, le boucher en train de griller et de racler un cochon avec une tuile, du cerclage des roues par les charrons. MM. Gagneur et Ribreau, avec les forgerons MM. Coirier, Jubien, Sacré, Thibault et Vincent, les gamins après l’école ne manquaient pas d’aider au remplissage des seaux d’eau et les femmes commentaient les nouvelles du jour devant la fontaine. N’oublions pas Clotilde et Mme Sacré, épicières – chez lesquelles les enfants achetaient pour cinq sous de mojhétes –, Mathilde, la marchande de chaussures, M. Richard, marchand de cycles, et Frédéric, à la barbe blanche, assis sous le porche de l’église.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Sources 

- Archives communales de Coulon

- Archives départementales S306 19-S30620-20875-208773E4980

- Mémoire Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis - 1905

- Olivier Loth, curé de Coulon, Coulon autrefois Bulletin paroissial - aout 1923 à Juillet 1930