Thorigné

 

Thorigné est un lieu-dit de la commune de Coulon, situé sur la route de la Gare, à deux kilomètres du bourg. C’est actuellement une exploitation agricole avec une chèvrerie. Une partie des bâtiments est très ancienne, probablement du XVIIe siècle.

 

Une première originalité de cette exploitation est que, sous le bâtiment principal, il existe une superbe cave voûtée.

 

Une autre originalité de ce lieudit est que son nom est lié aux légendes de Sainte-Macrine, patronne du marais, et aussi à la découverte en 1883 d’un curieux crochet en bronze.

 

Camille de Saint-Marc, en 1908, écrit : « Ajoutons aussi qu’entre Maurepas et Malécot, à l’est de la ferme de Thorigné (taurinus, tauriniacus), non loin de Sainte-Macrine et de la colonie romano-espagnole d’Épannes, on a trouvé il y a quelques années, en 1883, un « crochet d’aruspice » qui nous confirme qu’il y avait là un centre religieux où s’accomplissaient, sans doute, des rites sanguinaires, des cultes païens de Myrthra ou de Cybèle. L’existence de ce culte, nous parait enfin attesté par le ressouvenir, dans la légende de notre sainte, du mythe ou symbole de la corne qui lui est pour ainsi dire consacré et les survivances des lieudits que nous venons de rappeler : Taurinus, Tauriniacus, Thorigné. »

 

Une précision donnée par cet auteur : « le Taurolbole » était un sacrifice expiatoire dans lequel le prêtre se faisait arroser du sang d’un taureau immolé à Gybèle (La Magna Mater). Ces sortes de sacrifices ne furent adoptés à Rome que sous le règne d’Antonin le pieux, vers le milieu du deuxième siècle, et ils furent aussitôt introduits en Gaule. D’après Auguste-François Lièvre, ce sont des soldats romains, des légionnaires, qui ont introduit le culte de Mythra en Poitou, où d’ailleurs il fut peu répandu.

Un autre auteur, Guy Pillard dans sa Mythologie des Deux-Sèvres écrit : « Trois vierges, Pezenne, Pexine ou Pécine, Macrine et leur sœur Colombe, auraient fui leur pays d’origine où régnaient des persécutions, et se seraient réfugiées sur les bords de la Sèvre niortaise. Un chef barbare de la région, séduit par la beauté des trois jeunes filles, décida de les enlever. Colombe seule fut surprise ; Macrine et Pezenne réussirent à s’enfuir et à s’abriter d’abord dans un endroit nommé Tauranicus (Thorigné).

Cependant, épuisée par la fuite, Pezenne mourut dans les bras de Macrine. Le lieu de sa sépulture devait plus tard prendre son nom et devenir la paroisse, puis la commune de Sainte-Pezenne. Macrine resta seule, repassa la Sèvre et vint se retirer à Magné où elle mourut après une vie édifiante. Son tombeau devint l’objet d’un culte et des guérisons merveilleuses s’y opérèrent ». 

Guy Pillard rappelle que vers 1880, on a trouvé à Thorigné un « crochet d’aruspice » paraissant lié à l’une des légendes de sainte Macrine, patronne du Marais.

Un livre récent, parut en 1990, La Préhistoire en Poitou, de Roger Jousseaume et Jean-Pierre Pautreau, rappelle qu’à Thorigné on a trouvé en 1883 un « crochet à viande » en bronze. Ce crochet est conservé au musée de Poitiers. Ces deux auteurs situent la fabrication de cet objet au bronze  final III, époque approximative qui se situe 1000 avant Jésus-Christ.

 

La trouvaille de cet objet à Thorigné et la lecture de ces trois extraits de livre amènent les réflexions suivantes : les auteurs cités plus haut ne sont pas du tout d’accord sur l’époque à laquelle a été fabriqué et utilisé cet objet. Camille de Saint-Marc et Guy Pillard situent la fabrication de cet objet au second siècle après Jésus-Christ, donc au milieu de l’occupation romaine, à l’époque préchrétienne ou vivait la Gaule. Roger Jousseaume et Jean-Pierre Pautreau en situent la fabrication et l’utilisation à la fin de l’époque de bronze, soit 1000 ans avant Jésus-Christ.

Lesquels croire ?

 

L’autorité de Roger Jousseaume et Jean-Pierre Pautreau, en matière de préhistoire, leurs moyens scientifiques d’investigations que n’avaient pas Camille de Saint-Marc ni Guy Pillard, nous autorise à penser que ce sont eux qui ont raison !

Donc sur la commune de Coulon, nous avons la certitude que trois sites, 1000 ans avant Jésus-Christ, donc à 3000 ans de nous, furent occupés par des populations dont on ne sait absolument rien :

- Montigné où Jean-Pierre Pautreau a retrouvé les traces d’un village de l’époque du bronze ;

- Thorigné où a été retrouvé le fameux « crochet à viande » ;

- Le Champ Maréchal où a été trouvée une roue de char en bronze.