À mon marais 

Camille Porchet 


 

À mon marais

 

Mon marais en tout temps s'offre à qui sait l'aimer,

À qui sait le comprendre à n'importe quelle heure :

L'artiste ou le poète y sait peindre ou rimer,

Et souvent le touriste y cherche une demeure.

Sous le jour qui s'étire et la sève qui monte,

une dense forêt surgit et prend couleur ;

Une gamme de vert s'épanouit sans honte :

Mon marais au printemps n'est plus qu'une splendeur,

La Sèvre nonchalante étale son argent

Sous l'astre d'or qui flambe et prodigue la vie ;

Le silence et le calme y règnent indulgents :

Mon marais en été n'est qu'une symphonie.

Le vent pur et léger qui fait frémir la feuille

Ride à peine la conche où je vais lentement ;

Je ne sais que m'y plaire, et là je m'y recueille :

Mon marais en automne est un enchantement.

Pluie, vent froid, jours plus courts passés au coin du feu,

Où, dans l'âtre noirci, une flamme qui danse

Emporte mon désir d'un ciel plus souvent bleu :

Mon marais en hiver est toute une espérance.