François Soulice dit « Le biscayen »

Louis Breillat


 François Soulice est né vers 1676 à Benet. Il est le fils de François Soulice, charpentier, et de Catherine Lucas.

C’est une famille protestante de Benet. En 1681, la famille abjure, le petit François a 5 ans.

 

Son enfance se passer à Benet et, comme son père, il apprend le métier de charpentier.

 

En 1700 il a 24 ans. À ce moment là, des pasteurs itinérants organisent, la nuit, des cultes protestants clandestins. Ces réunions ont lieu à Benet, dans la Garenne de Mante. François est catholique, mais c’est ce qu’on appelait alors « un mauvais converti ». il suit ces cultes clandestins, il aide les prédicants itinérants, il participe à ces réunions nocturnes. Ces activités ne passent pas inaperçues, il est dénoncé aux autorités et arrêté. Il est incarcéré à la chambre criminelle du palais royal de Niort.

Il y subit un interrogatoire. Cet interrogatoire est mené par Arnault de la Terraudière, assisté de son greffier Louis Brunet. Cet interrogatoire a été retrouvé aux archives par le pasteur Jean Rivière. Il est daté du 17 août 1710.

 

François Soulice est accusé d’être instigateur d’assemblées illicites tenues dans les paroisses de Benet et Coulon..

 

Les premières questions posées à l’accusé sont les suivantes : 

«  Avez-vous voyagé en pays étranger ? » 

Réponse : « Oui ».

 « À Genève ? »

Réponse : « Non ».

« Avez-vous voyagé dans les Cévennes 1 ? »

Réponse : « Non » 

« Vous avez voyagé en pays étranger ? Où ? »

 

Voilà la réponse de François Soulice :

« Je m’embarque à Verdun et de là je continue ma route sur le Rhin jusqu’à Francfort où je travaille à mon métier durant un mois. De là je continue ma route jusqu’à Magdebourg où je travaille deux mois et de là à Halbertstadt et ensuite à Berlin en Brandebourg où je reste environ un mois. Ensuite à Hambourg et de là je m’embarque pour me rendre en Suède. Ensuite, je m’embarque pour aller en Danemark. Je reste deux à trois mois, je travaille à mon métier. Ensuite, je m’embarque pour me rendre à Amsterdam où je travaille deux mois ou trois ne pouvant me souvenir précisément du temps, où il y a de cela cinq ans. De là je viens à Rotterdam où je reste cinq mois et depuis ce temps là, je suis passé avec la flotte de commerce en Portugal où je m’arrête à Lisbonne pour deux ou trois mois, et ensuite je me rends par terre en France, passant par la Biscaye 2, dont j’en ai acquis le surnom de « Biscayen ». Je n’ai jamais été dans les Cévennes.

J’ai ensuite resté dans le bourg de Benet à y travailler de ma profession ».

 

L’interrogatoire se poursuit par l’audition des témoins à charge, les nombreux, et à décharge, ces derniers sont des « nouveaux convertis ». il s’avère que Françoi Soulice a été vu par de nombreux témoins aux assemblées illicites de la Gileterie à Benet et de la Garenne de Manté à Coulon.

 

Le dossier, nous dit le pasteur Jean Rivière, s’arrête sur « une prise de corps et d’un nouvel interrogatoire ».

 

Arnault de la Terraudière termine en s’adressant à l’intendant : « Je ne perds aucun temps pour déterrer Dauban et les autres prédicants. À l’égard de François Soulice, on l’arrêtera toujours dès que vous le jugerez à propos « … ».

 

D’après ces propos, on peut supposer que François Soulice a été libéré pour servir d’appât pour la capture de ce prédicant du nom de Dauban.

 

La documentation découverte par le pasteur Rivière s’arrête là…

 

La lecture des registres de l’état civil de la paroisse de Coulon nous apprend que François Soulice dit le Biscayen s’est marié à Coulon en 1717 avec Marie Rondier..

 

On retrouve son décès le 9 décembre 1749 à Coulon : « François Soulice, 75 ans, dit Biscayen, charpentier. Son fils Jean, ses deux filles, ses deux gendres : Louis Thore et François Pignoux ».

 

Vie aventureuses d’un Soulice au début du XVIIIe siècle ! 

 

Au sujet de ces familles Soulice, le pasteur Jean Rivière a ajouté : « La famille Soulice descendait de William qui naquit en Islande en 1520 et vint en France en 1540, s’établissant à Marans. Son fils Jacques né en 1554 s’établit à Coulon. Désormais les Soulice furent de fidèles réformés, nombreux en particulier dans l’église de Benet ».

 

Le pasteur Jean Rivière ne dit pas la source de ces informations.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 - voyager dans les Cévennes était alors une très grave accusation à cause de la révolte des « Camisards », une telle accusation amenait à une condamnation aux galères.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 - Province du nord de l'Espagne