Arrentement, après 1865, par l'hopital de Niort, de l'emplacement du premier temple de Benet et du cimetière de ceux de la religion prétendue réformée

Jean-Louis Gibaud


Après la démolition des temples et, en 1685, la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, celui-ci, l’année précédente, avait rendu une déclaration accordant aux hôpitaux généraux les biens des consistoires qu’il venait de supprimer. L’hôpital de Niort se vit attribuer nombre de ces biens, notamment l’emplacement du temple 1 et du cimetière de la religion prétendue réformée de Benet.

Ces emplacements relevaient de la commanderie et seigneurie de Sainte-Gemme. Pour s’assurer un revenu, les administrateurs de l’hôpital arrentèrent ces terrains.

Par un contrat du 8 janvier 1688, Me Christophe Augier, sieur de la Terraudière, syndic de l’hôpital général de Niort, arrente à Me Jacques Charrot, procureur fiscal et notaire de la chatellenie et seigneurie de Benet.

 

« C’est à scavoir l’emplacement du temple et la place du cimetière quy apartient auxdits sieurs de la religion prétendue réformée du bourg de Benet situez audit lieu tenant le dit cimetière d’un bout au chemin comme lon va du Puy Chauveau au logis du Croissant dautre bout à la rue du Puy Mervent […] Et le dit lieu du Temple consistant en mazure et un petit jardin y joignant tenant d’un coste au jardin Jean Bonnault d'autre coste au dommaine des héritiers de Pierre Pouvreau et au cimetière 2 dudit lieu de Benet. Le chemin entre deux… d autre bout au chemin tendant du grand chemin à la rue Basse pour par le dit sieur Charrot jouir et disposer desdits lieux et generallement de tout ce quy en depand des à present à perpetuité comme de son propre bien à la charge de payer les devoirs seigneuriaux aux seigneurs 3 à quy ils appartiennent […] le dit arrentement versé moyennant la rente foncière annuelle et perpetuelle de huit livres tournois que le dit sieur Charrot a prommis et s’est obligé de payer au dit hôpital général à chascune feste de Saint-Michel. »

 

Le 3 décembre 1738, un nouveau titre en présence de messire Jacques Charrot prêtre curé de Damvix et demoiselle Suzanne Charrot sa sœur et autres cohéritiers dans la succession de feu Me Jacques Charrot, leur père, reconnaissent être propriétaires d’un jardin situé au bourg de Benet,

« Le dit jardin quy estoit autres fois l’emplacement du temple et cimetière de ceux de la religion prétendue réformée reunye au dit hospital, dans un jardin et troille quy estoit le dit emplacement du temple […] Et à lesgard de ce quy estoit autres fois le cimetière cest à présent un pré ou il y a des noyers. »

  

La législation interdisait toute construction nouvelle sur l’emplacement des temples démolis, c’est pourquoi les terrains furent convertis en jardin et pré pour le cimetière où l’on planta des noyers et des arbres fruitiers.

 

« Le 23 janvier 1764, pardevant les notaires des chastellenies de Cenant et de Sainte-Gemme soussignés ont esté présents […] demoiselle Suzanne Charrot demeurant au bourg de Benet d’une part, Me Louis Gabriel Goutière notaire et procureur en la chastellenie de Benet d’autre part auquel la ditte demoiselle Charrot luy a, ce jourd’huy, de son bon gré, libre et franche volonté cédé et transporté et par ses présentes […] au dit sieur Goutière présent […] c’est à savoir les domaines qui suivent :

Premièrement un jardin vulgairement appelé le temple, en haut duquel il y a plusieurs treillages et arbres fruitiers, situé dans le bourg de Benet proche le Logis du Croissant […], d’autre costé du midy aux dommaines de Pierre Bergeron et au chemin qui conduit à la Boutherie, le long du cimetière de ce lieu, d’un bout du levant à la rue de l’Église à la Lamproye et d’autre bout du couchant aux dommaines de la maison de la Boutherie.

Plus un pré vulgairement appelé le cimetière de ceux de la religion prétendue réformée, ou il y a plusieurs pieds de noyers […] tenant d’un bout du levant au chemin qui conduit de l’église de ce lieu au Lion d’Or d’autre bout du couchant au chemin quy conduit de la dite église au Mouton […]

La ditte cession […] est ainsy faite et moyennant la rente foncière et annuelle de huit livres par année en chasque jour et feste de Saint-Michel, en l’hopital général de la ville de Niort […] desquels dits domaines la dite demoiselle Charrot s’est dès à présent desmise, dévestue et désaisie et en a vestu et saisy le dit sieur Goutière […] ; en faveur des présentes le dit sieur Goutière a donné par forme de dépôt de vin la somme de cent livres, à la ditte demoiselle Charrot, dont elle se contente et l’en tient quitte.

Est dit, et accordé entre les parties que la ditte demoiselle Suzanne Charrot et demoiselle Catherine Charrot sa sœur, jouiront pendant leurs vies seulement jusqu’à la dernière vivante d’elles deux, des fruits et revenus du Cimetière de la religion prétendue réformée, de la moitié du jardin du temple à prendre du côté des dommaines de Pierre Bergeron et de la totalité des treillages et autres arbres fruitiers qui sont au haut du dit temple et qu’il sera permis à la dite demoiselle Charrot et sa sœur d’étausser les noyers qui sont dans le dit cimetière, à hauteur convenable, sans aucunes dégradations […].

 

Fait et passé au bourg de Benet en le logis du Croissant, lieu de notre juridiction dans la demeure de la ditte demoiselle Charrot et du dit sieur Goutière après midi.

Rocheteau et Fourneau notaires de Cenan et de Sainte-Gemme. »

 

 

Le 16 janvier 1793, Tirant fait passer à Pasturaud notaire à Benet un commandement à faire à la veuve Goutière de l’acte du 23 janvier 1764 sur huit rôles. L’hôpital de Niort somme la citoyenne veuve Goutière de régler neuf années d’arrièrage de la rente, augmentées des intérêts et des frais.

 

« L’an mil sept cent quatre vingt treize, la seconde de la République Française et le vingt neuf janvier, à la requeste de l’administrateur de l’hôpital général de la ville de Niort, poursuite et dilligence du citoyen Jucquin L’Aisné administrateur du dit hôpital. Jacques Pasturaud des ci devant provinces de Poitou Saintonge et Aunis demeurant au bourg de Benet soussigné […].

Jay à Faudry veuve Goutière demeurant au bourg et paroisse de Benet en son domicile en parlant de sa personne signiffiée baillé et délaissé coppie de l’acte d’arrentement […] à feu Louis Gabriel Goutière son mary par Suzanne Charro, d’un jardin et d’un pré, sis en la ditte paroisse de Benet pour et moyennant la somme annuelle de huit livres […] en date du 23 janvier 1764 […] y attaché aux fins que de raison dequel n’en soit ignoré, vertu duquel et à la susdite requeste j ay à la dite veuve Goutière fait commendement de par la loy et sans délais bailler et payer, à l’administration du dit hôpital […] entre les mains et sur la quittance du citoyen Bourgoin, trésorier du dit hôpital la somme de cent cinquante deux livres qu’elle doit pour neuf années d’arriérages […] portée au titre dont il s’agit luy dit déclarant que faut par luy de satisfaire à ycellui mon présent commendement qu’elle y sera contrainte par toutes sortes de rappel […] et raisonnable présences et devoir même par exécution en sur meubles, ventes et adjudications.

Pasturaud notaire enregistré à Fontenay le 1er février 1793. »  

 

 


Sources

Archives départementales des Deux-Sèvres : Niort H dépôt 1 (4)

Société de statistique : TX 1845-1846 Notice sur l’Hôpital de Niort par Alphonse Frappier

Société historique des Deux-Sèvres (1966) : L’Hôpital du Saint-Esprit de Niort (1665-1790) par le Dr Louis Merle


 

 

1- Un arrêt du 6 aout 1665 interdit le culte réformé à Champdeniers, Saint-Gelais, Benet... Un an plus tard le temple de Benat fut rasé.

 

2 - Cimetière des catholiques, situé au niveau des 43 et 49 rue de la Combe et sur le coteau. Subsiste jusqu'en 1890, date de l'ouverture de l'actuel cimetière.

 

3 - Le grand prieur d'Aquitaine, seigneur de Sainte-Gemme, résidant à Poitiers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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